Volume 1 – numéro 1 – 2019 : Nation et République sous le prisme des défis contemporains
Table des matières
Présentation. Nation et République sous le prisme des défis contemporains
À propos de la crise des critères de définition de l’État en droit international contemporain
La notion d’État est l’objet d’une construction théorique menée par les constitutionnalistes et les internationalistes. Mais au regard des mutations du droit international qui entraînent un dynamisme de ses éléments constitutifs, la remise en cause de la définition de l’État aujourd’hui constitue un signe évident. La présente étude propose une meilleure visibilité de la déconstruction théorique des éléments constitutifs de l’État qui pourra permettre d’envisager une redéfinition ou une refondation de la notion d’État en droit international. La méthode juridique, combinée aux méthodes systémique et sociologique, permet de faire le constat de la crise de l’État en droit international aujourd’hui et montre que l’on assiste à sa reconstruction au regard de la pratique du droit international.
Analyse sociopolitique de la fragilité de l’État du Cameroun
Certaines études considèrent la République du Cameroun comme faisant partie de la catégorie d’États fragiles. Le présent article se propose, à partir de ces travaux, d’ouvrir à nouveau le débat sur l’appartenance supposée ou réelle de cet État à ladite catégorie. Dès lors, l’analyse puise l’essentiel de sa démarche dans le portefeuille théorique du constructivisme social et de l’interactionnisme. Il est concrètement question de se demander s’il est vrai que le Cameroun présente les traits de caractère de la fragilité. Ce faisant, l’on montrera que les dynamiques développementalistes mises en œuvre par les pouvoirs publics et les partenaires internationaux le soustraient de cette situation négative pour l’orientation résolument sur le sentier du développement durable.
L’harmonisation de la loi pénale de forme au Cameroun
La loi no 2005/007 du 27 juillet 2005 portant Code de Procédure Pénale a enrichi l’arsenal juridique camerounais. Cet enrichissement est perceptible à un double niveau: l’équilibre entre le procès pénal qu’elle organise et la protection des droits fondamentaux de l’homme impliqué dans la poursuite pénale d’une part et surtout l’abrogation du code d’instruction criminelle contraire à cet idéal et à l’ensemble des textes jusqu’alors appliqués dans la partie anglophone du Cameroun en matière de procédure pénale, d’autre part. Ce retrait des textes anciens consacre la conciliation entre plusieurs pratiques différentes liées au bi-juridisme camerounais sur le plan de la loi pénale de forme. L’intérêt de cette contribution, dont les analyses reposent sur la méthode juridique, porte sur les mécanismes adoptés pour faire face aux défis de l’harmonisation de la loi pénale de forme au Cameroun de même que l’intégration des aspects techniques novateurs tirés particulièrement du système anglo-saxon. Face à la coexistence des procédures, il fallait parvenir à l’harmonisation stricto sensu. En d’autres termes, il était question de rapprocher les règles de droit d’origine différente pour les rendre cohérentes entre elles en réduisant ou supprimant les différences et les contradictions pour satisfaire aux attentes communautaires.
L’intégration nationale à l’épreuve des replis identitaires au Cameroun
Sur la base des outils méthodologiques empruntés au champ de la sociohistoire, il est question, dans cette étude, de faire le point sur les avatars qui résultent du repli identitaire afin de contribuer à la réalisation intelligente du projet de construction de la conscience ou de l’identité nationale au Cameroun postcolonial. Pour y parvenir, il a été question de procéder à un recadrage historique des regroupements identitaires afin de dégager les éléments définitoires de l’identité nationale au Cameroun. Ce recadrage vise à souligner que la notion d’intégration nationale n’est nullement empreinte des représentations sociales liées au phénomène de repli identitaire. Bien plus, il s’agira d’analyser, dans une perspective historique, les conditions dans lesquelles l’on peut mouler l’identité nationale à partir de l’identité ethno-tribale. La double démarche structuro-analytique et sociocritique, combinée à l’étude synchronique des faits, permet de démontrer à suffisance que les éléments authentiques de l’âme camerounaise ne se perçoivent en l’identité ethno-tribale que dans le cadre de la prise en compte de la somme des valeurs identitaires positivistes.
Gouvernance identitaire et défis sécuritaires au Cameroun
La montée en puissance des clivages identitaires est au centre des dynamiques et contradictions qui structurent la société camerounaise depuis plusieurs décennies, forgeant ainsi progressivement une rhétorique politico-sociale et sécuritaire plus ou moins consensuelle autour de l’insécurité. Ces clivages sont de plus en plus marqués par des fratricides à forte dominante ethnocentrée, voire ethnoconfessionnelle. La question sécuritaire s’impose donc comme une nouvelle priorité de l’action publique sur le changement immédiat du Cameroun d’une part et, d’autre part, comme mécanique de gestion politico-institutionnelle et « socio-stratégique » à l’aune du conflit lié à Boko-Haram et de la question anglophone. Les mouvements identitaires autour de ces deux spectres font désormais l’objet d’un regard attentif, bien que contrasté dans ses formes d’expression. Toutefois, ces mouvements participent curieusement d’une même impulsion réactionnaire quant à leur prise en charge prioritaire, de sorte qu’un ensemble de règles soit élaboré, mis en œuvre et contrôlé. Il en résulte alors une gouvernance des identités par le biais de la consolidation d’une conception communautariste, voire « communaucratique » du politique dans un contexte de brouillage historique et de nonchalance de l’idéologie nationaliste. Ce travail souligne la manière dont les réponses aux clivages identitaires ont été mobilisées. Pour ce faire, il a recours à la sociohistoire et à la sociologie critique, tout en mobilisant le constructivisme pour présenter subtilement la construction du modèle de gouvernance au Cameroun.
La présente étude esquisse une analyse de l’effectivité de la vision républicaine de l’État au Cameroun. Cette vision ontologique de la république (res publica) est constitutionnellement proclamée et politiquement revendiquée. Mais au regard des pratiques politiques, peut-on véritablement parler d’État républicain? À l’examen des processus d’étatisation, l’État républicain se concrétise par la mise en place progressive d’un ensemble d’institutions garantes de l’intérêt général. Cette effectivité historique qui consacre le développement de l’État républicain est cependant querellée à l’observation des pratiques instituées de gouvernance politique. D’où la nécessité d’une (ré)appropriation pratique, contemporaine et collective, des mœurs républicaines. Cette (ré)appropriation va bien au-delà de la simple production des institutions dites démocratiques et vainement républicaines.
La sécurisation de la nationalité camerounaise à l’ère du numérique
Le droit à la protection des données personnelles est un droit récent lié au développement des TIC. Dans un contexte où l’état civil camerounais est devenu perméable à toutes sortes de manipulation, la politique gouvernementale s’inscrit résolument dans la logique de modernisation et de sécurisation de la nationalité. La présente contribution analyse les enjeux et les implications de la sécurisation de la nationalité camerounaise à l’ère du numérique. En prenant appui sur les méthodes juridique, systémique, sociologique et participative, il ressort de l’étude que le système d’identification sécuritaire s’impose comme une nécessité de modernité et de fiabilité des titres identitaires dans le but de consolider la nation camerounaise quoiqu’il se heurte à un certain nombre de défis.