Volume 2 – numéro 2 – 2022 : Paix, temps et territoires à l’ère des dynamiques contemporaines

Table des matières

Présentation

Erick SOURNA LOUMTOUANG

Les supplétifs camerounais : du maintien de l’ordre public aux dynamiques territoriales (1955-1971)

Cyril KENFACK NANFACK

L’UPC, depuis sa création en 1948, militait pour l’indépendance du Cameroun. Ses militants, depuis les émeutes de mai 1955, posèrent des actes qui troublaient l’ordre préétabli par la France. On a assisté à des propagandes, des incendies, des réunions illégales sur les lieux publics, des intimidations et des attaques de toutes sortes qui constituaient des troubles et des menaces à la paix. Les autorités administratives et les forces de maintien de l’ordre tentèrent en vain de rétablir l’ordre et la paix. Dans cette perspective, les supplétifs émergèrent au Cameroun pour aider les forces de l’ordre. Il s’agissait des guides, des pisteurs, des agents de renseignement, des autodéfenseurs et des Gardes Civiques. Ces supplétifs camerounais aidèrent les autorités administratives et militaires dans les actions de maintien de l’ordre à travers les actions préventives et répressives. Ces différentes actions contribuèrent aux dynamiques territoriales. Ainsi, plusieurs espaces ont été créés : en Sanaga-Maritime, on avait la ZOPAC (Zone de Pacification de la Sanaga-Maritime) et des centres de propagandes alors qu’en région bamiléké, on avait les camps de regroupement et les camps de la Garde Civique. Il est question de montrer l’apport des supplétifs camerounais au maintien de l’ordre public et les dynamiques territoriales de 1955 à 1971. La réalisation de ce travail s’appuie sur la collecte des données orales, écrites et webographiques. Leur traitement et analyse font appel à la pluridisciplinarité.

Politiques de sédentarisation et conflits pastoraux dans le Djolof au Sénégal (1887-1960)

Ndiouga DIAGNE

Cet article cherche, d’abord, à analyser les politiques de contrôle mises en place par l’administration coloniale française afin de pénétrer, de stabiliser et de contrôler la province du Djolof, née de la création du cercle de Louga en 1887, mais aussi de sédentariser les pasteurs nomades dont la mobilité constante échappait tout contrôle. Considérés comme des « roublards » avec une activité archaïque, les pasteurs nomades apparaissent aux yeux de l’administration coloniale française comme un peuple « arriéré » et « stagnante ». Il fallait les apporter du progrès par le biais de la « civilisation », afin qu’ils rentrent dans l’ère de la  « modernité ». Il étudie, ensuite, les politiques de restriction de la mobilité des nomades dans le but est de les sédentariser. Et enfin, il met l’accent sur la territorialisation née des réformes administratives avec comme corollaire la nature tendue et conflictuelle des relations entre deux groupes sociaux – agriculteurs et pasteurs – qui partagent le même espace.

La dynamique de construction de la paix au Cameroun : conceptions théoriques et approches pratiques

Joseph WANGBA JOSEPH

L’humanité tout entière revendique la paix comme étant un idéal ou une valeur commune. Cette revendication collective favorise une forte territorialisation, avec une certaine disparité du sentiment de paix. Depuis les traités de Westphalie, l’État a constitué le cadre territorial par excellence de construction de la paix dans le monde. En Afrique, c’est la colonisation occidentale qui introduit cette entité territoriale bien clôturée. Au Cameroun, l’État est engagé dans cette architecture de pacification depuis les années 1960. Dès lors, c’est dans le cadre de l’État moderne que la paix est de plus en plus circonscrite. La problématique de la paix, mise actuellement en débat, permet d’interroger les conceptions théoriques et les approches pratiques qui permettent d’analyser la dynamique de construction de la paix au Cameroun. D’une part, la paix a été conçue comme étant la négation de la guerre et des conflits divers, avant de subir une dynamique conceptuelle. Cette nouvelle conception appréhende la paix comme une construction durable et perpétuelle à travers la sécurité humaine et la recherche du développement intégral des populations. Les conceptions théoriques de la paix se situent entre la paix négative et la paix positive. D’autre part, la paix est pratiquement en construction dans une dynamique de l’approche stratocentrée à l’approche polycentrée, avec une mobilisation multisectorielle des mécanismes de paix et de sécurité, et dans une double dimension de paix intérieure et de paix extérieure.

Les mécanismes endogènes de prévention et de répression des crimes pastoraux au Nord-Cameroun

Sylvain BAIZOUMI WAMBAE

Les vols de bétail et les délits des destructions des biens pastoraux sont des phénomènes criminels inhérents à toutes les sociétés pastorales. Au Nord-Cameroun, la criminalité pastorale est devenue un phénomène très préoccupant pour les populations, si bien qu’elles ont mis en place des mécanismes juridiques pour juguler ces phénomènes afin d’en prévenir les récurrences. Quels sont donc les différents instruments juridiques dont disposent les sociétés pastorales peules et mbororo et comment s’en servent-ils pour se prémunir des crimes pastoraux et les réprimer? Le présent article explore l’univers judiciaire des Foulbés et des éleveurs nomades des mbororo aux prises avec la grande criminalité. Sur la base des pratiques juridiques endogènes en vigueur dans le septentrion camerounais, il présente comment les juridictions traditionnelles endogènes préviennent et luttent contre les prises d’otages et les vols de bétail. Tout en mettant l’emphase sur les limites de ces pratiques juridiques, ce travail souligne également les obstacles et les défis inhérents à l’application de cette justice au Nord-Cameroun.

La responsabilité des organismes de maintien de la paix en droit international

Firmin NGOUNMEDJE

Cette étude propose un questionnement sur l’effectivité de la responsabilité des organismes de maintien de la paix (OMP) en droit international considérant l’actualité du droit international humanitaire. Celui-ci se trouve dans sa mise en œuvre opérationnelle à l’épreuve de violations flagrantes des droits de l’homme au cours des OMP sous mandat du Conseil de sécurité des Nations unies. Ainsi, face à la déshumanisation progressive des opérations visant prioritairement la protection, le constat qui se dégage révèle que les actes suscités lors du déroulement des OMP, notamment les exploitations et abus sexuels, ainsi que les responsables font rarement face à la justice répressive. Certes, la responsabilité des sujets de droit international rattachés directement ou indirectement aux OMP en droit international est consacrée. Cependant, cette responsabilité s’avère être en construction. C’est la raison pour laquelle il convient d’affirmer que le régime de la responsabilité des infractions commises à l’occasion des OMP, loin d’être situé, se trouve en situation.

Infos sur la publication

ADILAAKU - Volume 2, Numéro 2 - 2022

Digital Object Identifier (DOI)

https://dx.doi.org/10.46711/adilaaku.2022.2.2

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La revue Adilaaku. Droit, politique et société en Afrique est sous licence Creative Commons CC BY-SA 4.0, disponible en ligne, en format PDF et, dans certains contextes, en version imprimée.

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ISSN : Version en ligne

2992-0116