Volume 3 – numéro 1 – 2024 : La Covid-19 en Afrique : implications et adaptations

Le tourisme camerounais à l’épreuve de la Covid-19 : quel mal pour quelle riposte?

IBRAHIMA Hayatou et ABOUBAKAR Adamou

 

Introduction

Plus connue sous son acronyme anglais Covid-19 (Corona Virus Infectious Disease 2019), la pandémie virale qui a bousculé les habitudes de l’humanité « est techniquement appelée SARS-Cov-2 » (Lekene Tsobou, 2021, p. 458). Le caractère androgyne du substantif Covid-19 a fait l’objet d’un débat houleux entre les analystes. Contrairement à Pascal Boniface qui a délibérément fait le choix de l’employer au masculin (Boniface, 2020), nous faisons le choix du genre féminin dans cette étude comme bon nombre de travaux qui l’ont fait avant nous. La pandémie a fait son apparition en décembre 2019 à Wuhan, la capitale de la province de Hubei en Chine. Dès lors, la Covid-19 a fait des ravages dans les pays les plus industrialisés où le flux humain est de plus en plus intense avant d’atteindre les pays du Sud à l’instar du Cameroun.

Bien avant la Covid-19, l’humanité a connu plusieurs pandémies qui ont suscité l’intérêt des analystes. C’est dans ce sillage que plusieurs études ont été menées, notamment sur la peste noire qui a fait plus de soixante-quinze (75) millions de mort·es dans le monde (Camus, 1947, p. 63); l’historiographie de la pandémie grippale de 1918-1919, plus connue sous l’appellation « Grippe espagnole » (Ricciardi, 2020, p. 39) qui a fait plus de cinquante (50) millions de mort·es, dépassant ainsi le nombre de victimes de la première guerre mondiale. Au fil du temps, la perception des origines de ces catastrophes sanitaires a évolué. Toni Ricciardi en a déterminé trois temps forts : « le premier de punition et vengeance divine; le deuxième de type fataliste, qui s’est terminé avec les Lumières; le troisième qui incrimine la responsabilité humaine avec une évolution qui passe d’explications univoques (la recherche du bouc émissaire) à d’autres, multiformes » (Ricciardi, 2020, p. 33). L’évidence qui ressort de toutes ces perceptions paradigmatiques est que l’humanité a toujours vécu et continue de vivre dans une Société de risque globalisé (Beck, 1986). Les épidémies locales qui mutent de plus en plus en pandémies globales en constituent des facteurs majeurs de ce risque permanent. Partie de son foyer asiatique, la Covid-19 a bouleversé l’ordre international en imposant à l’humanité une façon stricte de vivre dans une relative précarité socio-économique. Les pays en voie de développement, notamment africains, où les pronostics des expert·es de l’Occident envisageaient une catastrophe humanitaire, s’en sont sortis avec plus de dégâts économiques qu’humanitaires.

Pour le Cameroun, le premier cas de personne infectée par la Covid-19 a été officiellement déclaré le 06 mars 2020 (Nsegbe, Ndoki et Yemmafouo, 2020, p. 419). Cette détection du premier cas de Covid-19 sur le sol camerounais a amené le gouvernement à mettre en place une stratégie nationale de lutte contre la propagation de cette pandémie le 17 mars 2020. Les mesures prises à cet effet, dont la fermeture des frontières, la suspension de délivrance de visas d’entrée au Cameroun, la fermeture des débits de boisson, des restaurants et des lieux de loisirs, la réquisition des établissements hôteliers, le report des événements culturels et sportifs, etc., ont eu un impact néfaste sur l’économie camerounaise en général et sur le secteur touristique en particulier. De ce fait, la présente étude s’intéresse aux conséquences négatives de la Covid-19 sur le tourisme camerounais tout en mettant en exergue les mesures d’accompagnement prises par le gouvernement afin de redresser ce secteur. Elle part de la problématique de la gouvernance du secteur touristique en période de Covid-19 en s’interrogeant sur l’impact de cette pandémie sur le secteur du tourisme au Cameroun et la façon dont elle a été gérée.

Afin d’atteindre ses objectifs, la présente réflexion s’appuie sur les méthodes qualitative et quantitative avec une double approche constructiviste et systémique. Ceci dans l’optique de mettre à l’épreuve des faits l’hypothèse selon laquelle la Covid-19 a été un facteur déstabilisateur du tourisme camerounais. L’argumentaire porte d’abord sur la Covid-19 comme élément perturbateur du tourisme camerounais avant de s’appesantir sur la riposte gouvernementale face à la crise causée par cette pandémie dans le secteur touristique camerounais.

La Covid-19 : élément perturbateur du tourisme camerounais

L’entrée brusque de la Covid-19 dans le quotidien des camerounais a été un facteur de perturbation des activités touristiques au Cameroun. Ce bouleversement est occasionné par des politiques nationales de restriction des mobilités sociales mises en place par les pouvoirs publics et l’impact socio-économique que celles-ci ont infligé au secteur du tourisme camerounais.

Politiques nationales de restriction des mobilités sociales : un facteur d’asphyxie du secteur touristique

C’est en mars 2020 que l’État du Cameroun a effectivement pris des mesures concrètes pour faire face à la pandémie de Covid-2019. Ces mesures restrictives asphyxiantes du secteur touristique sont principalement : la fermeture des frontières, la suspension des événements culturels et sportifs, d’une part, et le confinement, la fermeture des établissements de loisir et la réquisition des structures hôtelières, d’autre part.

La fermeture des frontières et suspension des événements culturels et sportifs à caractère touristique

La détection du premier cas de Covid-19 au Cameroun le 06 mars 2020 a, comme le souligne Elie Passo Sonbang, relégué au second plan « l’ensemble de préjugés relatifs à la potentielle immunité des Noirs… » (Passo Sonbang, 2021, p. 203). Cette immixtion virale a poussé le gouvernement camerounais à réagir. C’est alors à l’issue d’une concertation interministérielle que les premières mesures restrictives ont été prises par le gouvernement camerounais pour faire face à la pandémie de coronavirus. Celles-ci sont rendues publiques par la déclaration du premier ministre le 17 mars 2020. Cette stratégie nationale anti-covid dévoile une batterie de mesures visant la préservation de la sécurité sanitaire dont les plus préjudiciables au secteur touristique sont la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes et la suspension des événements culturels et sportifs.

La menace venant du « dehors », la sécurisation du « dedans » (Balandier, 1971, p. 13-16) s’avère être une mesure conservatoire idoine qu’impose la gravité de la situation si ce virus se propageait au plan interne. Plus que d’autres secteurs d’activités, le secteur touristique a été le plus touché du fait que la quasi-totalité de sa clientèle est constituée des touristes qui viennent de l’extérieur du pays. Bien avant l’apparition de ce virus à couronne, le tourisme camerounais était déjà fragilisé par une série de crises qui sévissent aussi bien à l’intérieur de ce pays que dans la sous-région Afrique centrale (crise sécuritaire du fait de la secte terroriste Boko Haram dans l’Extrême-Nord du Cameroun; crise sécessionniste dans les deux régions anglophones du pays; crise sociopolitique centrafricaine…). Selon les statistiques données par Travel & Tourism Competitiveness Index en 2019, « Le Cameroun apparaît au 128ème/140 rang mondial avec un indice de 2,9; perdant d’ailleurs six rangs par rapport au classement établi en 2015 » (Gicam, 2020, p. 45). C’est dans ce contexte où les préconditions œuvrent en défaveur du tourisme camerounais que les mesures drastiques pour juguler la propagation de la Covid-19 ont été prises.

La fermeture des frontières aériennes, terrestres et maritimes et la suspension des événements culturels et sportifs à l’effet de freiner la propagation de la Covid-19 constituent le goulot d’étranglement du secteur touristique camerounais. À cette fermeture des frontières se greffe l’interdiction de délivrance des visas d’entrée au Cameroun aux différents aéroports. Avant la Covid-19, l’Agence de sécurisation de la navigation aérienne (ASECNA) gérait d’ordinaire 1 000 à 1 800 vols/jour dans l’espace aérien camerounais, mais l’entrée en vigueur de ces mesures de restriction a occasionné une baisse de plus de 70 % (Gicam, 2020, p. 45). À titre illustratif, au niveau de l’aéroport international de Douala, le fret aérien transporté de janvier à mai 2020 a connu une régression de 29,46 % (4 426,5 tonnes contre 6 275 tonnes) tandis qu’à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen, le fret aérien a enregistré une baisse de 48,5 % durant la même période (Gicam, 2020, p. 45). Toutes ces données statistiques témoignent du verrouillage systématique de l’économie camerounaise dont le tourisme est un pan non négligeable.

Au-delà de la fermeture des frontières, la suspension des événements culturels et sportifs est un autre coup dur porté au secteur touristique camerounais. Ces événements culturels et sportifs à l’instar des compétitions scolaires et universitaires constituent, à n’en point douter, des vitrines de promotion du tourisme camerounais. Cette mesure particulière est un facteur d’éclipse qui a fait perdre au tourisme local en visibilité. Une autre mesure portant sur l’interdiction de rassemblement de plus de cinquante (50) personnes sur toute l’étendue du territoire national vient conforter celle-ci. En outre, la durée initiale de ces mesures gouvernementales, qui était de quinze (15) jours, a été renouvelée le 1er avril 2020 compte tenu de l’évolution de la situation épidémiologique.

C’est à partir du 15 avril 2020 que des mesures d’allègement sont entrées en scène avec le décret présidentiel no 2020/193 du 15 avril 2020 portant commutation et remise de peines de certains prisonnier·es. Cette mesure visait à désengorger les prisons en réduisant la population carcérale pour ralentir la propagation de la Covid-19 dans ces institutions pénitentiaires. Il a fallu attendre un peu plus d’une semaine pour que ces mesures d’allègement élargies au rapatriement des Camerounais·es en détresse à l’étranger et la facilitation de retour des étranger·es bloqué·es au Cameroun. Ces mesures ont été prises à la réunion hebdomadaire du comité interministériel chargé de l’évaluation et du suivi de la mise en œuvre de la stratégie gouvernementale de la lutte contre la Covid-19 présidée par le premier ministre en visioconférence le 23 avril 2020.

Outre ces restrictions portant sur la fermeture des frontières et l’annulation ou le report des événements à caractère sportif et culturel, le confinement, la fermeture des établissements de loisirs et la réquisition des structures hôtelières constituent des facteurs handicapants du secteur touristique camerounais.

Le confinement partiel, la fermeture des établissements de loisirs et la réquisition des structures hôtelières

Le confinement partiel est la mesure majeure qui a occasionné une perturbation sans précédent du secteur touristique national. Celui-ci entre effectivement en vigueur le 18 mars 2020 à la suite de la déclaration du premier ministre du 17 mars 2020. Ses corollaires que sont la fermeture des établissements de loisirs et la réquisition des structures hôtelières constituent les faits marquants et visibles de ce confinement partiel. D’après une étude menée par Dieudonné Lekane Tsobgou, dans le cadre de cette mesure, vingt-huit (28) structures hôtelières ont été réquisitionnées, soit 679 chambres; trois (03) chaînes hôtelières ont été fermées; mille (1 000) restaurants d’une à deux fourchettes ont été totalement ou partiellement fermés; une fermeture partielle de vingt (20) sites touristiques et un même nombre de salles de jeux (Lekene Tsobgou, 2021, p. 457).

Ces données statistiques démontrent à quel point le confinement partiel et ses conséquences ont été un facteur handicapant pour le secteur touristique camerounais. L’injonction de fermeture des établissements de loisirs, à des heures d’affluence, intimée par le gouvernement a privé ces entreprises touristiques d’énormes ressources financières. Toutefois, la vie et la santé étant les premiers et les plus précieux capitaux que disposent les humains, ces manques à gagner ne représentaient rien face au danger et la peur de la Covid-19. C’est la raison pour laquelle l’État du Cameroun a réquisitionné un certain nombre d’hôtels pour imposer aux passager·es venant de l’extérieur du pays une mise en quarantaine pour une durée de 14 jours. Cette réquisition hôtelière a principalement eu lieu dans les deux plus grandes métropoles camerounaises que sont Douala et Yaoundé qui sont d’ailleurs les principales portes d’entrée du pays.

En fait, la stratégie nationale de lutte contre la Covid-19 au Cameroun s’est prioritairement portée sur la restriction des mobilités sociales à travers des mesures telles que la fermeture des frontières, la suppression des événements attractifs, le confinement et la fermeture des établissements de loisirs. Ces mesures ont également eu des impacts socioéconomiques sur le secteur touristique camerounais.

L’impact socio-économique de la crise covidienne sur le secteur touristique

La crise survenue en « temps coronal », selon les termes de Claude Abé (2020), a eu des conséquences aussi bien sur le plan social que sur le plan économique.

L’impact social de la Covid-19 sur le tourisme camerounais

L’activité touristique étant d’essence favorable à l’altérité, le désordre occasionné par des mesures prises à l’effet de juguler la propagation de la Covid-19 a eu des conséquences sociales considérables. Le blocus de brassage entre humains, us et coutumes divers a impacté le tourisme du point de vue social.

Au-delà des considérations économiques, la rencontre des humains de différentes cultures que favorise le secteur touristique est un facteur de cohésion sociale qui leur permet de se connaître et de se comprendre mutuellement. Elle pourrait jouer le rôle d’extincteur des tensions sociales qui pourraient naître des simples ignorances de la culture et de la manière d’être de l’autre. En outre, la fermeture des établissements de loisirs a mis au chômage plusieurs Camerounais·es qui, sur le plan social, ont peiné à assumer leurs responsabilités aussi bien à l’égard de leur famille qu’au sein de la société à laquelle ils et elles appartiennent. Selon des études statistiques menées par l’Institut national de la statistique (INS), 51 % des entreprises de services, notamment touristiques, estiment que les ressources humaines sont directement affectées. Cela se traduit soit par la mise en chômage technique (43 %), soit par le licenciement ou la réduction d’effectifs (43 %) (INS, 2020, p. 32).

Il est important de relever que, d’après une étude menée par Viviane Ondoua Biwolé, « l’effet néfaste de la pandémie est plus élevé chez les femmes que chez les hommes » (Ondoua Biwolé, 2020, p. 36). En analysant ce constat sous le prisme socio-anthropologique africain où la femme occupe une place centrale dans la structure sociale, l’on pourrait estimer l’ampleur et la gravité de l’impact de cette pandémie sur le plan social au Cameroun. Vu sous un autre prisme, la fermeture des institutions universitaires du fait de la Covid-19 a porté un coup dur au « tourisme académique » qui permettait à certain·es étudiant·es camerounais·es et étranger·es de quitter leur aire socio-culturelle pour rencontrer d’autres cultures. Au Cameroun, ce confinement des « savoirs » et la virtualisation de leur diffusion ont instauré un suivi à distance des apprenant·es par les enseignant·es qui s’est déroulé non sans difficultés comme l’ont montré Julia Ndibnu-Messina Ethé et Constantine Kouantem (Ndibnu-Messina Ethé et Kouantem, 2021).

L’impact économique de la crise coronale sur le tourisme camerounais

Le tourisme étant un secteur générateur des revenus, son handicap par des mesures liées à la stratégie gouvernementale de lutte contre la Covid-19 a causé inévitablement des effets néfastes du point de vue économique. Plusieurs analystes se sont penchés sur l’impact économique de cette pandémie sur l’économie mondiale en général et africaine en particulier. À la différence des crises précédentes qui partent généralement « d’un choc de demande », la crise économique issue de la covid-19 est partie « d’un choc défavorable d’offre » selon Patrick Artus et Olivier Pastré (2020, p. 1).

Du point de vue local, le tourisme camerounais a particulièrement subi l’impact économique du fait des restrictions diverses relatives à la lutte contre la propagation de la Covid-19. Selon des données statistiques fournies par le Syndicat patronal des industries d’hôtelleries et du tourisme (SPIHT), le taux de fréquentation des hôtels, qui était déjà fragilisé par la situation sécuritaire et socio-politique délétère du Cameroun, a connu une baisse drastique pour s’établir à 40 % selon les études menées par le Groupement inter-patronal du Cameroun (GICAM, 2020, p. 43). En outre, les mois d’avril et juillet 2020 ont révélé que 100 % des hôtels et restaurants camerounais ont « observé un impact très négatif de la crise Covid-19 en mars 2020 »; 88,9 % ont « observé une aggravation des conséquences négatives entre mars et mai 2020 »; 94,5 % ont « observé une baisse de leur chiffre d’affaires en mars 2020 »; 88,9 % ont « mis le personnel permanent en chômage technique » et 11,1 % ont « licencié du personnel permanent » (GICAM, 2020, p. 43).

L’impact économique de la lutte contre la Covid-19 sur le tourisme camerounais est venu s’ajouter au caractère sous-exploité des potentialités touristiques du Cameroun selon l’avis de certains analystes (Tchindjang et Fodouop, 2003). Ces derniers soutiennent, il y a près de deux décennies avant l’avènement de la pandémie à Covid-19, que le secteur du tourisme est sous-exploité au Cameroun au regard de ses potentialités. Cependant, ce secteur n’a pas été le seul touché par l’effet des mesures prises pour lutter contre cette pandémie. Globalement, les finances publiques camerounaises en ont payé les frais (Bilounga, 2021). Cet état de choses a amené le gouvernement camerounais à organiser une sorte de riposte pour venir en aide aux secteurs affectés par les effets néfastes de la lutte contre la Covid-19, notamment le secteur touristique.

La riposte gouvernementale face à la crise de la Covid-19 dans le secteur touristique

La riposte gouvernementale face à la crise de la Covid-19 s’est opérée sous forme d’assainissement et de soutien aux promoteurs et promotrices du secteur touristique.

L’assainissement du secteur touristique comme riposte gouvernementale face à la Covid-19

En vue de lutter contre la propagation de la Covid-19, le gouvernement camerounais a mis l’accent sur l’assainissement du secteur touristique en exigeant le respect du protocole sanitaire « Clean Covid » et la certification dans l’optique d’un déconfinement progressif.

L’exigence du protocole sanitaire « Clean Covid » dans les établissements du tourisme

Le tourisme étant une activité qui suscite « déplacements et concentrations de populations » (Py, 1993, p. 3), il peut constituer une menace pour l’ordre public, lorsqu’il est mal encadré, sous sa dimension trilogique traditionnelle, notamment la sécurité, la salubrité et la tranquillité publiques (Gatsi, 2017, p. 970). La croisade contre le coronavirus a donc été une exigence d’ordre public qui a mis en avant le souci de préservation des risques de maladies.

Au-delà des mesures générales de lutte contre la propagation du coronavirus, l’administration en charge du tourisme a été assignée par décret du premier ministre à élaborer un protocole sanitaire spécifique au secteur touristique. Ce protocole était constitué de trois guides et un manuel servant de tableau de bord et de baromètre conçus en fonction des sous-secteurs touristiques existants (décret n° 2020/3221/PM du 22 juillet 2020 fixant la répartition de la dotation du Fonds spécial de la lutte contre le Coronavirus et ses répercussions économiques et sociales). Il s’agit notamment du guide I des établissements d’hébergement, de restauration et des loisirs; du guide II des sites touristiques, parcs de loisirs, aires protégées et événements touristiques; du guide de l’accueil, du transport, des agences de voyage, des offices communaux de tourisme, des guides et accompagnateurs; et du manuel de procédure de certification des établissements et activités de la chaîne touristique. Ces différents documents visaient globalement à contenir la propagation de la pandémie, à assurer la sécurité tant du personnel que des client·es, à rétablir la confiance du marché touristique camerounais, d’offrir un produit sain et sécurisé (Mintoul, Guide I, 2020, p. 5). Ils déclinaient les précautions à prendre en amont et des consignes de gestion des cas suspects ou confirmés en aval.

S’agissant du premier pan du protocole, le respect des mesures d’hygiène, de salubrité, de distanciation, de capacités d’accueil raisonnables de chaque structure a été mis en avant. À titre illustratif, les établissements hôteliers étaient tenus de respecter rigoureusement un certain nombre de consignes gouvernementales. Il s’agissait des consignes suivantes : la capacité maximale d’une chambre était limitée à deux adultes et deux enfants (de moins de 12 ans); chaque chambre devait avoir des kits de protection individuelle; les chambres et les salles de bain devaient être ventilées et désinfectées quotidiennement; les meubles et les tissus devaient être désinfectés; les chambres ne devaient être occupées qu’après avoir été nettoyées, désinfectées et aérées pendant au moins trois heures pour les nouvelles arrivées (Mintoul, Guide I, 2020, p. 13-14).

Quant au second pan du protocole, notamment la gestion des cas suspects ou avérés de Covid-19, il était globalement indiqué des consignes à respecter, notamment l’obligation d’informer immédiatement la direction de l’établissement au cas où un membre ou un·e client·e présentait des symptômes de Covi-19. La direction était, à son tour, tenue de signaler tout cas suspect ou tout·e client·e présentant des difficultés respiratoires au ministère en charge de la santé publique via le numéro vert 1510. Les client·es présentant des symptômes de la maladie étaient également obligé·es d’informer la direction ou de contacter un médecin. Du côté du personnel, il était prévu un logement distinct pour les membres et des zones d’isolement pour le confinement des cas douteux au sein du personnel travailleur. S’il advenait qu’un personnel présentât des signes de maladie, ce dernier était immédiatement mis en congé et placé sous l’accompagnement des services sanitaires compétents (Mintoul Guide I, 2020, p. 5-7).

Les activités touristiques ne se limitent exclusivement pas aux établissements hôteliers et de restauration puisqu’elles ne sont pas uniformes. Elles se déploient également au niveau des sites touristiques, des parcs de loisirs, des aires protégées qui sont des espaces de découvertes, de divertissement et de récréation qui drainent des visiteur·euses et, de ce fait, constituent d’éventuels foyers de contamination et de propagation de la maladie. À cet effet, des mesures de préservation réparties en deux catégories à savoir des informations communes auxdits espaces et celles spécifiques à chacun, ont été adoptées pour contrer la diffusion du virus à couronne en leur sein. Les consignes d’ordre général concernaient la gestion des cas suspects ou avérés de Covid-19 (Mintoul,Guide II, version anglaise, 2020, p. 13-14). Elles étaient identiques à celles contenues dans le guide I supra-mentionné. Quant aux consignes d’ordre spécifique, elles s’appliquaient à la gestion respective des sites touristiques, des salles de sport et de fitness, des parcs de loisir, des parcs naturels et des aires protégées.

Relativement à la gestion des sites touristiques, il est mentionné que seuls les guides et les personnes habilitées étaient autorisés à recevoir et assister les visiteur·euses dans les différents sites touristiques. Ils et elles étaient tenu·es de faire usage des matériels de communication tels que le microphone, le casque à écouteur, qui devaient systématiquement être désinfectés après usage. Lors des réceptions, les tables devaient être séparées de deux mètres et les chaises d’un mètre afin d’observer la distanciation sociale recommandée. Il a aussi été exigé, à titre de sensibilisation des visiteur·euses, de placer à des différents endroits des sites, des affiches relatives au respect des mesures barrières de lutte contre la Covid-19. Toute activité susceptible d’entraîner le rapprochement et, par ricochet, la contamination était strictement interdite. Dans le même ordre d’idées, les regroupements de plus de cinquante (50) personnes étaient interdits et les gestionnaires des sites étaient tenu·es, en plus des cache-nez pour les visiteur·euses, de prévoir également des kits médicaux de premiers soins. Toute excursion et voyages d’étude devaient être notifiés aux responsables des sites quarante-huit (48) heures avant et les participant·es ne devaient excéder cinquante (50) personnes (Mintoul Guide II, 2020, p. 5).

S’agissant des salles de sport et fitness, toutes les activités devaient être menées dans des espaces ouverts et les équipements de loisir, désinfectés après usage, devaient être limités et placés à une distance de sécurité pour éviter autant que possible le contact entre les différent·es participant·es. Les portes, les toilettes, les guichets et tout autre équipement d’usage commun devaient être nettoyés et désinfectés après chaque deux (02) heures, les moniteur·trices sont tenu·es de porter des masques de protection (Mintoul, Guide II, 2020, p. 6).

Au niveau des parcs de loisir, leur ouverture était conditionnée par la disponibilité obligatoire du matériel nécessaire pour garantir les mesures barrières de lutte contre le coronavirus. La distanciation sociale était de mise à toutes les étapes de la visite, notamment à l’arrivée, pendant et à la fin. Les promoteur·trices desdits parcs étaient invité·es à indiquer sous forme d’images toute la procédure de gestion des cas de personnes présentant des symptômes de la maladie (Mintoul, Guide II, 2020, p. 6-7).

En ce qui concerne les parcs naturels et les aires protégées, la gestion des flux de visiteur·euses constituait le pan principal du protocole. Le timing de départ et le nombre de visiteur·euses étaient préalablement déterminés. Les panneaux lumineux de signalisation devaient être visiblement installés, indiquant aux visiteur·euses de progresser de l’avant et de ne pas adopter une marche-arrière susceptible de créer un engorgement et, par conséquent, d’éventuelles contaminations (Mintoul, Guide II, 2020, p. 8). Ces consignes, même si elles présentaient parfois des différences, poursuivaient au fond une même finalité, à savoir l’attestation de la conformité des établissements de tourisme aux exigences de lutte contre le coronavirus.

La certification des établissements de tourisme : une condition sine qua non de déconfinement sélectif et progressif

Le protocole sanitaire « clean covid », poursuivant l’objectif d’assainissement des établissements de tourisme et des loisirs dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, constituait à cet effet un baromètre d’évaluation du caractère sain desdits établissements et de la qualité du produit offert aux touristes ou aux client·es dont la protection constitue la préoccupation primordiale des pouvoirs publics. Bien que ralenties par la pandémie dans leur élan fonctionnel et partant, économique, il fallait que les entreprises touristiques puissent trouver une stratégie de contournement de la maladie et reprendre sereinement leurs activités. La politique gouvernementale d’évitement de cette pandémie dans le secteur touristique a été le respect strict du protocole sanitaire « clean covid » élaboré par l’administration en charge du tourisme et dont l’ultime étape était la certification des établissements qui s’y étaient conformés.

La certification constituait en effet une évaluation et une attestation de conformité des établissements de tourisme et des loisirs au respect strict des mesures barrières édictées dans le cadre de la lutte contre le coronavirus dans le secteur touristique. Elle s’opérait concomitamment par des missions d’inspection qui visaient à contrôler la conformité et celles d’évaluation qui notaient les établissements de tourisme eu égard au respect du protocole sanitaire « clean covid » initié par le MINTOUL. Ces missions, qui pouvaient être inopinées ou faire l’objet d’une notification, ont été effectuées par la brigade nationale et celles régionales anti-covid du MINTOUL. Elles ont été initiées soit par le ministre en charge du tourisme, soit à la demande des promoteurs et promotrices des établissements de tourisme, ou à la suite d’une dénonciation anonyme (Mintoul, Manuel de procédure de certification des établissements et activités touristiques au Cameroun, p. 7-8).

La certification était conditionnée par l’obtention, par l’établissement du tourisme, de tous les points eu égard au respect de toutes les prescriptions du protocole. Elle était délivrée par le ministre du tourisme, après avis favorable de la brigade d’inspection anti-covid. Il s’agissait dans ce cas précis de l’accord du panonceau « clean covid » qui était affiché dans l’enceinte de l’établissement et qui attestait de son caractère sain et respectueux des mesures de lutte contre le coronavirus. Elle donnait droit à la levée des restrictions telles que le confinement, à la légitimité et constituait une sorte de recommandation explicite de l’établissement auprès des touristes ou des client·es. Outre ces mesures d’assainissements susmentionnées, le gouvernement a initié des soutiens multiformes aux promoteur·trices du secteur touristique dans le sillage de la riposte contre la Covid-19.

Les soutiens multiformes du gouvernement aux promoteurs et promotrices du secteur touristique dans la lutte contre la Covid-19 au Cameroun

Dans la seconde phase de la stratégie gouvernementale de riposte contre la Covid-19, les pouvoirs publics camerounais ont apporté des soutiens en termes d’appui financier ainsi que des mesures d’assouplissement fiscales et obligations diverses.

L’appui financier au secteur du tourisme par le fonds spécial Covid-19

Le gouvernement camerounais, dans son rôle de maintien de l’ordre public économique, en guise d’appui aux différents secteurs d’activités dont l’économie a été dévastée par la survenue de la pandémie, avait initié un Fonds spécial de solidarité nationale pour la lutte contre la pandémie du coronavirus. Le montant de celui-ci était estimé à cent quatre-vingts (180) milliards de F CFA, avec pour objectif principal la soutenabilité de la macroéconomie camerounaise plombée par la Covid-19 (décret n° 2020/3221/PM du 22 juillet 2020, articles 1, 2). C’est dans cet ordre d’idées que le secteur du tourisme camerounais ayant été sévèrement atteint, a, à travers l’administration en charge du tourisme et des loisirs, bénéficié d’un appui financier dans le cadre de ce fonds spécial covid-19. La part du ministère était destinée à soutenir l’ensemble des activités touristiques tombées dans le marasme. Ainsi, un montant d’un milliard sept-cent millions (1,7 milliard) a été affecté (décret n° 2020/3221/PM du 22 juillet 2020, article 4) avec pour objectif d’accorder une résilience économique et financière à la filière touristique, d’atténuer autant que possible les répercutions brutales de la pandémie du coronavirus sur l’économie touristique, d’amortir les charges supplémentaires des entreprises en difficulté, d’éviter ou tout au moins limiter les licenciements ainsi que les fermetures d’établissements de tourisme.

À la lecture de l’article 4 du décret n° 2020/3221/PM du 22 juillet 2020, le fonds est spécifiquement destiné à financer les activités d’ordre sanitaire, promotionnel et d’appui aux promoteurs et promotrices ainsi qu’à certains sites touristiques à fréquentation élevée dans le cadre de la lutte contre le coronavirus et ses répercussions économiques dans le secteur touristique.

S’agissant du volet sanitaire de lutte contre la Covid-19, un montant de cent-soixante (160) millions de FCFA, reparti selon les rubriques d’activités, devait servir à financer la conception et l’élaboration du protocole sanitaire « clean covid », sa vulgarisation et le suivi de sa mise œuvre effective dans le milieu touristique. Bien plus, il devait financer le renforcement des capacités des points focaux des collectivités territoriales décentralisées du tourisme et des loisirs aux mesures barrières anti-covid-19 et pendant les événements du CHAN et CAN 2021. Cette orientation d’appui vers les points focaux des collectivités territoriales décentralisées se justifierait par la politique de la décentralisation impulsée par le gouvernement camerounais impliquant le transfert des compétences sectorielles particulières et des moyens appropriés aux collectivités territoriales décentralisées, notamment les régions et les communes, afin qu’elles puissent impulser le développement local. Parmi les compétences transférées, figure la promotion du tourisme local (loi n° 2019/024 du 24 décembre 2019 portant code général des Collectivités Territoriales Décentralisées, article 267).

Le volet de la promotion impliquait le financement de la production et de la diffusion des supports électroniques et publicitaires dans l’optique de restaurer l’image du tourisme et loisirs camerounais, ceci à hauteur de cinquante (50) millions de FCFA. Cette stratégie de promotion du tourisme à travers le numérique a connu un regain d’intérêt pendant la période de la pandémie. Elle constituait une alternative au tourisme ordinaire devenu indisponible et offrait des « expériences touristiques à distance ou virtuelles » (OCDE, 2020, p. 19).

En ce qui concerne l’appui aux promoteurs et promotrices du secteur touristique ainsi qu’aux sites touristiques à taux de fréquentation élevée, un montant d’un milliard quatre cent quatre-vingt-dix millions de FCFA avait été mis à disposition par le gouvernement. Cette somme a été affectée en guise d’appui aux établissements hôteliers de catégorie une (1) à cinq (5) étoiles, des établissements de restauration d’une (1) à trois (3) fourchettes, de cent cinquante (150) agences de tourisme incluant les guides touristiques, de cinq cent (500) établissements de loisirs regroupant les snack-bars, les cabarets, les night clubs, les parcs de loisirs, les centres de loisirs et de vacances. Sont également concernés par ledit appui, seize (16) sites touristiques à taux de fréquentation élevée et vingt (20) offices communaux repartis dans les différentes régions et communes du Cameroun. Ces mesures visaient à booster la filière touristique affaiblie et dont la capacité de production affectée ne pouvait pleinement assumer ses charges publiques; d’où l’initiative gouvernementale de mettre sur pied une politique publique d’assouplissement au bénéfice des établissements touristiques en termes d’allègements fiscaux et exonération de redevances liées à la location des panonceaux.

Les allègements fiscaux et exonération de redevances de location des panonceaux : une mesure gouvernementale au bénéfice des entreprises touristiques

Les mesures gouvernementales de soutien au secteur du tourisme ne se sont pas limitées à la mise sur pied d’un Fonds spécial Covid-19 destiné à la soutenabilité de la filière touristique dévastée. Elles sont aussi perceptibles au niveau fiscal, notamment des allègements fiscaux sous forme de suspension de recouvrements d’impôts auprès des entreprises touristiques supposées parmi les plus atteintes par le coronavirus et l’exonération de la taxe de séjour liée à l’hébergement.

S’agissant du premier assouplissement fiscal, il s’explique par le fait que certaines mesures barrières telles que la fermeture des frontières et le confinement, de nature à limiter la mobilité sociale, ont sérieusement constitué un facteur de baisse de l’économie des entreprises touristiques. C’est dans cet ordre d’idées que les entreprises touristiques victimes de la pandémie ont bénéficié d’exonération d’impôts et taxes à condition d’en formuler la demande. En cas d’avis favorable, « l’entreprise concernée bénéficie d’une suspension de toutes mesures de recouvrement prévues par le livre des procédures fiscales, y compris celles engagées avant l’apparition de la pandémie » (Bilounga, 2021, p. 21).

Quant au second assouplissement fiscal, il est ordonné par l’article quinzième-bis, alinéa 6 de l’ordonnance du 3 juin 2020. Il concernait les établissements d’hébergements classés et ceux non-classés. La taxe de séjour est de l’ordre de 5 000 F par nuitée pour les hôtels 5 étoiles et 500 F pour les structures d’hébergement non-classées. Eu égard à ladite exonération, ces derniers ne devaient plus facturer cette taxe à leurs client·es entre le 1er mars 2020 et la fin de l’exercice fiscal. Cependant, « si cette taxe avait déjà été établie et collectée à partir du 1er mars 2020, elle doit être reversée et demeure définitivement acquise par le trésor public » (Bilounga, 2021, p. 23).

Aussi, de manière spécifique, l’administration en charge du tourisme camerounais, dans le cadre d’appui aux entreprises touristiques dont les activités avaient été déstabilisées par la covid-19, avait-elle suspendu, durant toute cette période de troubles, le paiement de la redevance liée à la location du panonceau par les entreprises touristiques. Celle-ci est de 10 000F par an et percevable annuellement. Le panonceau désigne une pièce métallique de forme triangulaire apposé sur la façade principale de la structure ou en un endroit visible indiquant la nature et la catégorie de l’établissement selon qu’il soit un hôtel, un restaurant, un établissement de loisir ou une agence de tourisme (article 15 alinéas1, 2, de la loi n° 2016/006 du 18 avril 2016 régissant l’activité touristique et des loisirs au Cameroun). Ledit panonceau attestant du caractère autorisé de la structure est délivré par l’administration en charge du tourisme, seul propriétaire, et implique à cet effet le paiement d’une redevance annuelle. Les hôtels sont classés par catégories selon le système d’étoile allant d’une (1) à cinq (5) étoiles, les restaurants en système de fourchette d’une (1) à quatre (4) et les agences en catégories allant de la première à la troisième selon le type de prestations fournies (articles 53 à 57 du décret n° 2022/5075/PM du 04 juillet 2022 fixant les modalités d’application de la loi n°2016/006 du 18 avril 2016 régissant l’activité touristique au Cameroun). Le ministère du tourisme a également suspendu, durant la période de Covid-19, tous les contrôles routiniers de conformité à la règlementation des établissements de tourisme et des loisirs. Toutefois, il faut relever que ceux liés au respect du protocole sanitaire « clean covid » étaient néanmoins maintenus, car la santé publique a été considérée comme un impératif catégorique.

Conclusion

Parvenu au terme de cette analyse sur le tourisme camerounais à l’épreuve de la Covid-19, il en ressort que la catastrophe sanitaire a sérieusement porté un coup à l’économie touristique camerounaise qui s’est vue asphyxiée et paralysée. Aux grands maux, les grands remèdes : la riposte gouvernementale sous forme des mesures d’assainissement et d’appui financier à la filière touristique aura néanmoins permis d’éviter le pire, bien que n’ayant pas endigué totalement le mal. Elle a préservé une petite lueur d’espoir pour assurer au tourisme camerounais une viabilité après la période covidienne. Sachant que le monde moderne est intimement jonché des « risques » (Ulrich Beck, 2008) et « d’incertitudes » (Edgar Morin, 1999) scientifiques, militaires, civilisationnelles, il semble opportun de tirer les leçons du passage de l’ouragan covidien pour mieux affronter l’avenir. Dès lors, la stratégie touristique gouvernementale de relance post-covidienne gagnerait à repenser de fond en comble le tourisme camerounais. Il incombe de la réorienter davantage vers la promotion du tourisme interne, notamment le développement de la culture touristique par le bas, à travers les plus jeunes qui pourront jouer le rôle de vulgarisateurs et vulgarisatrices du tourisme auprès leurs familles et leurs communautés. Il est également plus qu’indiqué de prioriser, dans ce contexte, le tourisme autochtone qui est une forme de tourisme alternatif au tourisme de masse, offrant des expériences culturelles et traditionnelles non seulement attractives pour des touristes qui aiment les vivre intimement, mais en constituent également des formes de tourisme responsable, durable, équitable, respectueux de l’environnement et de la dignité humaine, gages d’une économie touristique plus résiliente. Aussi faut-il mettre en œuvre la stratégie d’invitation des tour-opérateurs étrangers à séjourner au Cameroun en vue de redonner confiance et assurance aux touristes de l’extérieur pour les pousser à nouveau à emprunter le chemin de la destination Cameroun.

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Pour citer cet article

IBRAHIMA, Hayatou et ABOUBAKAR, Adamou. 2024. Le tourisme camerounais à l’œuvre de la Covid-19 : quel mal pour quelle riposte? ADILAAKU. Droit, politique et société en Afrique, 3(1), en ligne. DOI : 10.46711/adilaaku.2024.3.1.2

Licence

La revue Adilaaku. Droit, politique et société en Afrique est sous licence Creative Commons CC BY-SA 4.0, disponible en ligne, en format PDF et, dans certains contextes, en version imprimée.

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https://dx.doi.org/10.46711/adilaaku.2024.3.1.2

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