« Boko Haram : agir ou mourir ». Portées argumentatives des titres de L’Œil du Sahel sur les attaques terroristes dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun

Daniel KALADZAVI

 

Introduction

L’analyse du discours de presse, comme tout autre discours social, permet de mettre au jour la circulation des imaginaires autour des évènements sociaux. Elle se révèle particulièrement productive dans la quête des significations devant les questions qui traversent la société. Dans ce sens, elle aide surtout à mettre en lumière comment le sens (social) se construit à partir des choix conscients ou non qu’opère le sujet langagier. De ce fait, le discours médiatique se caractérise par un ancrage véritable dans le débat social de sorte qu’il participe à la construction des mémoires (Njoya Kouotou, 2022). Il laisse observer comment, à partir des formules langagières, certaines représentations se ploient et se déploient dans une sphère sociale particulière. Pour cela, il fait « comprendre le monde et invite à faire réfléchir à son propos » (Burger, 2006, p. 202). Cette portée du discours des médias légitime non seulement la pratique de l’information, mais « alimente [donc] des corpus d’études voués à l’analyse » des « structures signifiantes » (Ringoot, 2014, p. 16).

C’est dans ce contexte épistémologique qu’il nous a semblé pertinent de nous intéresser à la titraille de L’Œil du Sahel sur la crise terroriste de Boko Haram (désormais BH) dont les attaques perdurent dans l’Extrême-Nord du Cameroun. L’objectif visé est de mettre au jour le fonctionnement discursif des titres journalistiques dans un contexte de lutte contre l’extrémisme violent. Il nous faudra nous intéresser particulièrement aux « modes d’organisation du discours » en tant que « procédés de mise en scène de l’acte de communication » pour atteindre certaines finalités (Charaudeau et Mainguenau, 2002, p. 386). Cela est d’autant plus nécessaire, à notre sens, quand on sait que le titre, dans sa fonction pragmatique, « met en œuvre plusieurs opérations susceptibles de provoquer chez les lecteurs différents types d’inférences ou d’effets » (Wander Emediato, 2011, paragr. 43). Concrètement, il nous revient de décrire la configuration linguistique et discursive des titres de L’Œil du sahel sur BH, et d’analyser leur composante argumentative en vue de dégager la portée idéologique du discours, c’est-à-dire les significations et valeurs contextuelles qu’ils charrient. Le corpus d’étude prend en compte vingt-deux numéros du journal L’Œil du Sahel, parus entre 2018 et 2024, période au cours de laquelle l’on aura observé un regain d’activités terroristes à l’Extrême-Nord[1]. Le choix des numéros s’est opéré selon leur caractère significatif relativement au thème du terrorisme[2]. Un accès préalable aux archives du journal par les responsables nous a permis de recueillir les numéros retenus dans le cadre d’étude. Notre travail s’articule autour de trois principaux axes : une première partie sur le cadre théorique où nous déclinons le postulat de l’argumentativité du discours d’information médiatique, une deuxième partie consacrée aux analyses et interprétations qui mettent l’accent sur les portées argumentatives des titres en contexte de lutte contre BH, et à partir desquelles nous essayerons de dégager une posture éditoriale de l’organe de presse, en troisième point.

De l’argumentativité du discours d’information médiatique

Notre étude s’inscrit, pour l’essentiel, dans le cadre de la problématique de l’argumentation dans le discours d’information médiatique, développée par Charaudeau. Dans Le discours d’information médiatique. L’impossible transparence du discours (2011), celui-ci postule une théorie du discours médiatique qui montre que ce dernier est traversé par de multiples enjeux et ne vise pas que la fonction informative. Considéré « comme le produit d’un processus complexe de transformation des faits sociaux en discours, en événement » (Wander Emediato, 2011, en ligne), le discours médiatique relève davantage d’une construction, « d’une pure énonciation » qu’une fidèle reproduction des évènements. De ce fait, à l’arrière-plan discursif, se cache des enjeux particulièrement intéressants. Dans une perspective argumentative, l’on se préoccupe « d’analyser sous toutes ses faces le fonctionnement de la communication humaine comme phénomène langagier, cognitif et sociopolitique » (Amossy, 2012, p. 5). Pour ce faire, il ne s’agit pas seulement de relever les procédés argumentatifs, mais davantage de scruter les imaginaires sociodiscursifs qui sous-tendent leur mise en discours. Aussi la portée argumentative de ce type de discours s’entend-il ici comme à la fois leur valeur interprétative et les implications sémantiques qui s’en dégagent.

Cette grille de lecture est ainsi appliquée aux titres journalistiques dans cette étude. Le titre, cette « frange de texte, toujours porteuse d’un commentaire auctorial ou plus ou moins légitimée par l’auteur, constitue, entre texte et hors texte, une zone non seulement de transition mais de transaction » (Genette, 1987, p. 8). Comme le discours d’information médiatique en général, les titres constituent ces éléments textuels qui sont traversés par une « dimension argumentative » (Amossy, 2012). Selon Weinrich, précise Tahar (2012, p. 31), les titres ont le pouvoir de séduire et de faire acheter et lire les livres ou les journaux. Concrètement, les titres ne renseignent pas seulement sur la portée générale d’un texte, mais ils donnent une certaine orientation à la réception dans la mesure où « ils sont dotés de la plus grande pertinence communicative » (Kerbrat-Orecchioni, 1986, p. 22).

Dans le contexte de la guerre contre BH à l’Extrême-Nord du Cameroun, les titres à la une du journal L’Œil du Sahel sont révélateurs ou porteurs d’enjeux en lien avec la question de la lutte contre le terrorisme. Ainsi, il se crée un lien très étroit entre le titre et la portée générale du texte, comme le souligne Bavekoumbou.

Le titre se déploie dans l’œuvre par la manifestation de ses traits sémantiques. Cette manifestation se fait par des signes de corrélation qui sont des fonds paradigmatiques tels que des interprétants socioculturels. Et par des signes de relation qui sont des formes syntagmatiques. Une telle structuration de plans entre corrélation d’ordre paradigmatique est en rapport avec le passage du titre à l’œuvre et de l’œuvre au titre (Bavekoumbou, 2016, p. 34).

Les titres retenus dans cette étude sont analysés suivant les approches analytique et intégrative d’analyse du discours. L’approche dite analytique consiste « à dire que le discours cache des manœuvres que seule l’analyse peut dévoiler » (Henda Dhaouadi, 2007, p. 31). Cette approche nous permettra donc de relever des indices (noms, verbes, adjectifs, syntaxe, etc.) sur lesquels repose la dimension argumentative. L’analyse de ce matériau linguistique nous obligera de faire appel à la méthode intégrative qui « pose comme hypothèse que l’analyse discursive est abordable dans la mise en relation du discours lui-même avec d’autres éléments qui participent à lui donner son sens » (Henda Dhaouadi, 2007, p. 32). En d’autres termes, le contexte est un élément à prendre en compte pour dégager la signifiance et les implications du discours. L’argumentation, comme mentionné supra, relève d’une étude critique du langage. En effet, l’objectif des études sur l’argumentation est « de décrire la réalité des échanges verbaux qui construisent les relations intersubjectives et la réalité sociale » (Amossy, 2012, p. 5). De ce fait, il faut comprendre que le langage en situation de communication charrie plusieurs enjeux psychosociaux, portés par la matérialité langagière. Dans cette perspective, l’idée d’une argumentation dans la langue défendue par Anscombre et Ducrot (1997) reconnait à la langue en usage une orientation argumentative. Cette orientation théorique est appliquée au discours de titrologie sur la violence terroriste afin d’essayer de mettre en lumière la portée argumentative en contexte de lutte contre le terrorisme. De ce point de vue, trois types de mouvements argumentatifs peuvent être dégagés à partir de la composante linguistique. Nous nous intéressons aux stratégies de positionnement, à la problématisation et à la rhétorique des indications chiffrées.

La portée argumentative des titres sur BH dans L’Œil du Sahel

Pour analyser la portée argumentative des titres de L’Œil du Sahel relativement à BH, nous nous intéressons aux principales ressources mobilisées qui entendent construire la visée interpellative du discours : les stratégies de positionnement, la problématisation et les indications chiffrées.

Les stratégies de positionnement : dénonciation des attaques terroristes

En raison du choix que l’énonciateur ou l’énonciatrice opère dans le système linguistique pour mettre en discours le message, il est possible de déceler sa position, mieux, percevoir s’il ou elle est pour ou contre en ce qui concerne l’objet du discours. De ce fait, l’organisation lexico-sémantique repose sur les formes lexicales, et surtout les significations qu’elles dégagent dans leur contexte de production. C’est tout l’enjeu du positionnement. Dans la sémiotisation de la violence terroriste sur les couvertures de L’Œil du Sahel, les titres révèlent un contenu idéologique en contexte de lutte contre BH. On peut l’observer à l’arrière-plan discursif, comme en témoignent les titres suivants :

(1) Boko Haram : agir ou mourir (n°1328 du 17/02/2020);

(2) Boko Haram égorge cinq paysans à Tolokomari (n° 1302 du 09/12/ 2019);

(3) Boko Haram : vigilance et remobilisation (n° 1539 28/07/2021).

En considérant ces titres de par leur configuration lexicale, une certaine posture énonciative peut se lire sur BH. Les lexies employées sont révélatrices du positionnement de l’énonciateur ou de l’énonciatrice. Pour ce qui est du titre (1), les verbes « agir » et « mourir » sont les maitres-mots de cette séquence et entendent traduire toute la portée du message que l’instance journalistique veut véhiculer au sujet de « Boko Haram » qui constitue le cadre ou le thème, puisque selon la structure syntaxique, les deux points ont une fonction explicative; les deux items verbaux placés après explicitent le segment placé après ce signe. D’un point de vue thématique, il y a une corrélation qui est établie entre le segment « Boko Haram » et le segment « agir ou mourir ». La conjonction « ou » indique une alternative. En effet, elle invite à faire un choix : soit on agit, soit on meurt. En choisissant d’agir, on évite de mourir. D’un point de vue énonciatif, il s’observe une modalité assertive. Elle correspond à la modalité de type 1 dans la terminologie de la Théorie des opérations prédicative et énonciative (Chuquet et Paillard, 2017). Précisons d’abord que la modalité y est définie comme « une prise de position de l’énonciateur sur le contenu de l’énoncé » (Chuquet et Paillard, 2017, p. 109). Ainsi, la modalité participe à la formulation d’un positionnement discursif. À partir des lexèmes composant ce titre, le discours médiatique prend la forme d’une communication d’urgence qui fait le point sur les différentes responsabilités à engager. Cette urgence est traduite non seulement par la concision du titre, mais aussi par l’emploi des verbes d’action qui expriment le devoir ou la nécessite de déploiement et d’intervention.

L’expression de l’urgence est renforcée par le sémantisme du verbe « mourir » qui met davantage d’accent sur les conséquences funestes; il s’agit donc d’en appeler à la sensibilité du lecteur ou de la lectrice et des pouvoirs publics. Ce verbe met en relief la souffrance tragique des populations de l’Extrême-Nord. Il est tout à fait évident que si l’État n’y déploie pas d’importants moyens sécuritaires, les cas de mort n’iront que grandissant. Dans ce sens, l’emploi du verbe « mourir » s’inscrit dans le registre de l’émotion en mettant en exergue la situation tragique que vit la population et renforce la position dénonciatrice du discours. Cette expression de l’urgence par le registre du pathos est aussi celle qui est traduite dans le deuxième exemple, à travers la lexie « égorge ».

Le titre (2) est une affirmation. Partant de sa construction linguistique, il se laisse percevoir une volonté pour l’énonciateur de satisfaire une intention de communication, une visée communicationnelle à travers cette assertion qui, pour le journaliste est certaine. En effet, les constituants de ce titre sont : « Boko Haram », substantif collectif, sujet du verbe « égorge », suivi de son complément « cinq paysans à Tolokomari ». Cette construction met en exergue l’intention de dénoncer les manœuvres terroristes. En réalité, le rendu d’un tel titre, sur le plan argumentatif, réside dans sa capacité à influencer les représentations au sujet de cette guerre. On peut comprendre que BH continue de semer la terreur. Cette terreur est justifiée par l’emploi du verbe « égorge » dont le poids, sur le plan argumentatif, repose sur l’analogie. Si dans l’usage courant, il caractérise le sème « animal », dans ce titre, il désigne le sème « humain ». Il faut donc souligner une antinomie des valeurs qui met en exergue le peu d’intérêt accordée à la vie humaine et la barbarie terroriste. Ainsi, ce lexème est au service d’une intention de communication. Charaudeau (1992, p. 633) pense que cette intention de communication fait davantage écho aux « catégories de la langue du point de vue du sens et de la manière dont elles sont mises en œuvre par le locuteur pour construire un acte de communication ». Il faut souligner que cette forme lexicale « égorge » avec ses différentes variantes, fait l’objet d’un usage abondant[3] dans la titraille de L’Œil du Sahel sur BH; ce qui renforcerait la dimension pathémique.

En ce qui concerne l’exemple (3), l’énoncé appelle à la « vigilance » et à la « remobilisation ». Ces deux items lexicaux permettent de mettre en évidence la visée derrière la stratégie scripturale. À partir de ces deux substantifs, le positionnement est évident : appel au maintien de la veille contre BH. Ce point de vue se justifie par les présupposés qui se dégagent. En effet, « vigilance » rappellerait la veille sécuritaire qui aurait baissé et « remobilisation » sous-tend qu’il y a eu démobilisation. De plus, les deux lexies sont reliées par le coordonnant « et ». Il faut rappeler que cette conjonction de coordination met ensemble généralement deux mots ou des constructions ayant certaines propriétés similaires. Ainsi, le titre apparait comme une suggestion qui mérite d’être prise en compte au regard des assauts terroristes presque quotidiens. Il pointe aussi du doigt le relâchement du dispositif sécuritaire qui aurait conduit à la perte de la « vigilance » et à la démobilisation. En outre, en appelant à la vigilance, le discours invite à un meilleur encadrement des comités de vigilance dont le rôle est, selon Aicha Pemboura (2021) essentiel dans la lutte contre BH. Ainsi, « vigilance » et « remobilisation » apparaissent comme des items rattachés aux imaginaires sociaux.

L’imaginaire est un mode d’appréhension du monde qui naît dans la mécanique des représentations sociales, laquelle […] construit de la signification sur les objets du monde, les phénomènes qui s’y produisent, les êtres humains et leurs comportements, transformant la réalité en réel signifiant (Charaudeau, 2007, section « Les imaginaires socio-discursifs »)

que l’organe de presse met en avant et justifient des actions à mener, d’autant plus en contexte de conquête de la paix.

La problématisation : la question de la recrudescence de Boko Haram

Dans sa description des conditions de mise en scène discursive de l’acte argumentatif, Charaudeau (2008) indique que le sujet argumentant est conduit à réaliser une triple activité discursive qu’il formule à travers la série de verbes « problématiser », « se positionner » et « prouver ». La première activité est définie comme suit :

Problématiser est une activité discursive qui consiste à proposer à quelqu’un, non seulement ce dont il est question, mais aussi ce qu’il faut en penser : d’une part, faire savoir à l’interlocuteur (ou à l’auditoire) de quoi il s’agit, c’est-à-dire quel domaine thématique on lui propose de prendre en considération; d’autre part, lui dire quelle est la question qui se pose à son propos (Charaudeau, 2008, paragr. 19).

En d’autres termes, il est question, à travers ce procédé, de proposer au lectorat un aspect nouveau du réel afin de l’amener à s’interroger ou à mettre en doute son opinion préalable sur un fait social. Ce phénomène s’observe dans les titres sur la violence terroriste BH dans L’Œil du Sahel où le journaliste cherche à attirer l’attention sur la question du regain d’attaques terroristes, qui contraste avec l’idée que BH serait une guerre oubliée, donc terminée. Les exemples ci-après illustrent cette lecture :

(4) Boko Haram… la menace persiste (n° 1707 du 28/09/2022);

(5) Boko Haram revient en force dans l’Extrême-Nord (n° 1584 du 12/10/2021);

(6) Boko Haram, l’autre guerre (n°1298 du 29/11/2019).

Les différents titres qui précèdent traduisent le regain d’activités terroristes dans la région. Dans l’exemple (4), l’énonciateur problématise la recrudescence des incursions terroristes par une stratégie de cadrage par désignation verbale. En effet, le verbe « persiste », caractérisant la menace terroriste révèle que BH n’est pas fini, qu’il vit et continue de semer la terreur dans cette partie du pays. L’enjeu du titre est donc de problématiser une opinion qui circule dans l’espace public, et même traduite sur le terrain de combat[4]. Il est remis ainsi en cause la fin de BH, et le journal essaie de prouver que ce dernier est bel et bien viable. C’est la même observation dans l’énoncé (5), où le verbe « revient » complété par la locution « en force », fait comprendre que la secte islamiste BH renait de ses cendres de la façon la plus vive. Par le sémantisme de ce verbe, l’on déduit par présupposition que la situation se serait certes apaisée pendant un moment, une période qui lui a permis de mieux affûter ses armes pour des attaques plus violentes. Mais aujourd’hui, du moins au moment de l’énonciation, BH reprend ses manœuvres tout en dictant ses lois. Ainsi par ces choix lexicaux, l’énonciateur tente de légitimer l’alerte sur le regain de BH par rapport à toute politique du déni.

En réalité, la lecture minutieuse de ces titres permet d’aboutir à une dynamique sécuritaire bipartite. On appellera situations S1 et S2 les deux états qui caractérisent la crise sécuritaire à l’Extrême-Nord du Cameroun. Elles trouvent leur matérialité langagière dans les titres journalistiques précédemment évoqués. En effet, aussi bien dans « la menace persiste » que dans « Boko Haram revient », il y a l’idée d’un mouvement dans le changement d’état indiqué par les procès « persiste » et « revient ». Concrètement, on peut se représenter un état initial S1 (sécurité avant l’avènement de BH) qui est transformé par la suite dans l’état S2 (insécurité avec l’arrivée de BH). Du fait de l’accalmie, en réalité éphémère, il y a un retour à l’état initial S1 sans vraiment que cela soit le cas, puisqu’il y a regain d’attaques terroristes. En réalité, à chaque fois qu’on revient à un état d’accalmie S1, ce sont les nouvelles attaques qui font qu’on passe à nouveau à l’état S2. L’instabilité créée par les nouvelles attaques fait qu’on oscille entre S1 et S2.

En bref, la matérialité langagière déployée en première page de journal renseigne grandement sur ce qui mérite d’être fait en ce qui concerne la recherche des causes profondes et des solutions du problème. À cet effet, énoncer que BH « persiste », « revient en force », c’est le signe de la vitalité d’un mouvement que l’on croyait à l’agonie, mais aussi l’indicateur d’une forte présence de la nébuleuse sur le territoire camerounais. Finalement, la visée de la communication médiatique sur ce phénomène est l’appel à un maintien de veille dans la guerre contre BH. L’instance médiatique tire la sonnette d’alarme afin de remobiliser et revenir au front contre un mouvement extrémiste caractérisé par une « illusion identitaire accordée à une conjoncture locale et globale » Alawadi Zelao (2017, p. 22).

La rhétorique des indications chiffrées : une mise en scène emphatique à visée persuasive

Le récit des chiffres, loin d’être un fait simplement informatif, constitue, dans le discours d’information, un « événement saillant qui joue un rôle central dans la mise en intrigue » (Koren, 2009, p. 66). C’est dire que les indications chiffrées qui accompagnent la mise en information répondent à une visée argumentative et pragmatique. Dans la mise en discours des attaques terroristes de BH, les données chiffrées révèlent des ressorts argumentatifs auxquels le ou la journaliste a recours pour rendre la violence terroriste sensible. Mettant en évidence chaque fois le bilan après le passage des terroristes, les indications chiffrées, en raison de leur position dans la titraille, mettent en relief soit les victimes, pour susciter de l’empathie, soit la « figure de l’ennemi » (Charaudeau, 2011) pour culpabiliser davantage le terroriste.

La mise en scène emphatique de la victime

Du point de vue syntaxique, les bilans d’attaques terroristes, c’est-à-dire les victimes, apparaissent généralement en tête de phrase. En réalité, ils sont des « constituants immédiats du titre » (Dubois et al. 2002, p. 482) au sujet desquels l’énonciateur apporte un commentaire. Ce procédé apparait comme une mise en scène emphatique des victimes dans le but d’influencer émotionnellement les représentations du lectorat au sujet de la violence extrémiste à l’Extrême-Nord du Cameroun dès le contact avec l’information sur cet événement. Il est très abondant dans la titraille de L’Œil du Sahel sur BH. Nous présentons ci-dessous quelques titres journalistiques illustratifs mettant en exergue le thématisation de la victime.

Tableau 1. Quelques titres mettant en exergue la thématisation de la victime

Titres Références
1 Koza. 03 personnes tuées par Boko Haram à Marba-Moutsikar N°1560 du 17/09/2021
2 Mayo-Sava/Mayo-Tsanaga. 05 personnes abattues par Boko Haram N° 1287 du 02/04/2019
3 Mayo-Sava. 17 personnes enlevées par Boko Haram à Mberché N° 1301 du 06/12/2019
4 Kolofata. Huit personnes enlevées par Boko Haram à Bourvéré N° 1260 du 02/09/ 2019
5 Terrorisme. 37 morts dans l’attaque de Darak par Boko Haram N° 1226 du 12/06/ 2019
6 Malmouri-Gouzoudou. 05 personnes égorgées par Boko Haram N° 1102 du 27/07 2018
7 Lac Tchad. Une cinquantaine de pêcheurs égorgés par Boko Haram N° 1310 du 03/01/2020
8 Extrême-Nord. 68 écoles primaires toujours fermées à cause de Boko Haram N° 1418 du 25/09/2020
9 Mayo-Sava. Sept morts dans trois attaques de Boko Haram N° 1300 du 06/12/2019
10 Mayo-Sava. 06 morts dans une attaque de Boko Haram N° 1127 du 28/09/2018
11 Extrême-Nord. 167 civils tués par Boko Haram en 2023 N° 1907 du 19/02/2024

Dans ces différents titres, l’évocation des bilans chiffrés en premier lieu apparait davantage comme une stratégie persuasive. En effet, par ces données, il est question de toucher les lecteur·trices afin que ces personnes prennent une part active à la douleur des victimes et de créer ainsi une communauté compatissante. Le sens commun considère les bilans comme une simple source de technique d’information. Pourtant, la lecture attentive de ces énoncés révèle qu’ils remplissent à la fois des fonctions informatives, mais surtout argumentatives. Ayant la particularité d’être laconiques, ils permettent en réalité de mettre en évidence des contenus qui puissent frapper l’imaginaire des lecteur·trices. Les bilans disent l’essentiel de l’information dans le but d’accrocher l’attention d’une part, mais surtout d’influencer les représentations de l’autre. En effet, ces titres concis et précis sont tels qu’ils donnent toujours l’état des lieux du passage des terroristes dans une localité. Les adjectifs numéraux cardinaux dénombrant les victimes jouent un rôle non négligeable dans le fonctionnement discursif de ces titres; cela montre la dangerosité de BH.

Les exemples 1, 2, 3, 4 et 6 ont la particularité d’être construits sur une structure syntaxique identique. Le discours est organisé en deux temps. Le premier correspond à un groupe nominal qui circonscrit l’espace-temps : « Koza », « Mayo-Sava », « Kolofata », etc. Ces circonstants définissent un cadre spatial en rapport avec les évènements que l’on présente. Le second temps met en avant des énoncés qui évoquent effectivement les victimes, et spécifiquement leur nombre. L’opération énonciative enclenchée par ces énoncés est la passivation, cette forme de prédication participe de l’orientation de l’énoncé dans la mesure où elle met en évidence le Patient (victime) et l’Agent (BH). Dans ce cas précis, la mise en relation porte comme terme de départ ou premier argument le terme but. Ce que l’on schématise comme suit :

  • terme but = « 03 personnes »;
  • terme but = « 05 personnes »;
  • terme but = « 17 personnes »;
  • terme but = « Huit personnes »;
  • terme but = « 37 personnes »;
  • terme but = « 05 personnes ».

On remarque que dans tous ces énoncés, c’est le terme but qui est instancié en début. Les procès mettent en relation l’Agent et le Patient, représentés respectivement par « Boko Haram » et « X personnes ». Ce sont les mêmes instances qui apparaissent dans les procès « tuées », « abattues », « enlevées », « morts » et « égorgés ». Au-delà de la composante syntaxique, les indications chiffrées dans ces exemples jouent à l’« intérêt à connaitre pour agir efficacement sur les esprits » (Amossy, 2012, p. 209) et visent à « choquer le sentiment moral » (Amossy, 2012, p. 225) en ce qu’ils mettent en avant la barbarie terroriste sur les êtres humains. Au fait, il est question, pour L’Œil du Sahel, de poser sur la table une certaine urgence traduisant le massacre des populations. En clair, il est question pour cette presse de toucher à la sensibilité du lectorat et de le pousser à des actions interventionnistes. De ce fait, le discours remplit une « fonction d’appel ou d’alerte », en tant qu’« expression de la volonté de l’émetteur de faire adopter par le récepteur une opinion ou un comportement » (Nahon-Raimondez, 2006, p. 43). C’est dans cette mesure que le titre 12 dénombre toutes les victimes de BH durant l’année 2023 pour présenter un bilan catastrophique. Le nombre total de ces victimes au bout d’une année, qui est 169 personnes, est important, ce qui justifie l’urgence d’agir.

La focalisation sur la figure de BH

En dehors de la mise en scène emphatique des victimes que dégage la configuration de la titraille de L’Œil du Sahel sur BH, une autre tendance, dans une visée persuasive, consiste en la focalisation sur la figure de l’ennemi. Si dans la thématisation de la victime, l’intention serait de toucher la sensibilité du lectorat afin de le pousser à la compassion, avec la focalisation, l’énonciateur ou l’énonciatrice cherche à mettre en évidence la responsabilité de BH. Précisons que « focalisation et thématisation constituent des opérations énonciatives qui agencent l’ordre des termes de l’énoncé à des fins de mise en valeur discursive et contrastive ou d’identification d’une variable » (Bril, 2004, p. 281). Si selon cet auteur, les deux termes peuvent être confondus, Groussier en établit une nette démarcation.

La focalisation sera alors la mise en contraste par laquelle l’énonciateur cherche à rendre un tel élément pertinent pour le coénonciateur, c’est-à-dire repéré par rapport à celui-ci. La thématisation sera l’opération par laquelle l’énonciateur pose comme repère constitutif de l’énoncé un terme déjà repéré, donc pertinent, pour les deux coénonciateurs (Groussier, 2001, p. 25).

La lecture attentive de certains titres à la une de L’Œil du Sahel sur le problème sécuritaire causé par BH permet de constater que le segment « Boko Haram » qui faisait partie du procès dans les cas relevant de la thématisation se retrouve en tête de phrase, ceci afin de rendre cet « élément pertinent ». Cette stratégie discursive consistant à davantage attirer l’attention du lecteur ou de la lectrice sur ce phénomène vise à faire comprendre que la crise sécuritaire est toujours d’actualité, la responsabilité étant évidente.

Tableau 2. Quelques titres illustrant le phénomène de la focalisation

Titres Références
1 Mayo-Tsanaga. Boko Haram assassine 04 villageois à Ldubam N°1896 du 22/01/2024
2 Mayo-Sava. Boko Haram assassine un octogénaire à Kuyapé N° 1897 du 24/01/2024
3 Terrorisme. Boko Haram égorge cinq paysans à Tolokomari N° 1302 du 09/12/2019
4 Talla-Kilichi. Boko Haram attaque une école et un poste avancé de l’armée N° 1535 du 16/09/2021
5 Amchidé. « Boko Haram à l’assaut des tranchées de l’armée » N° 1052 du 23/03/2018

La configuration linguistique et discursive de ces titres appelle quelques remarques. Les quatre premiers titres présentent une structure identique : syntagme nominal sujet verbe ( objet 1 objet 1/circonstant). Quant à l’énoncé 5, il fait succéder le syntagme nominal prédicat syntagme prépositionnel objet. Nous nous intéressons davantage à la position du syntagme « Boko Haram » pour essayer de montrer que cette place participe d’une entreprise de focalisation.

Si a priori, l’opération de focalisation[5] qui se matérialise à l’écrit par des dislocations syntaxiques n’est pas perceptible dans ces réalisations discursives, elle est davantage légitimée par la position syntaxique de l’élément « Boko Haram », qui est ici l’Agent, l’élément actif. Ainsi, la voix active renforce l’idée de focalisation sur la figure de BH de par la position syntaxique de ce dernier venant en tête de phrase, contrairement à d’autres choix où BH fait partie du procès de la phrase. Le choix d’une telle diathèse met en évidence la responsabilité de l’Agent dans la réalisation du procès, car non seulement il désigne un être animé, il est surtout actif.

Ainsi, plus qu’une simple disposition des mots dans la phrase, le fait que la figure de BH soit évoquée dès l’entame du titre est une stratégie discursive mise en œuvre et portée par des opérations prédicatives et énonciatives dans le but de marquer l’attention du lecteur ou de la lectrice. En effet, cette stratégie permet de pointer du doigt l’Agent du procès. Par ailleurs, la modalité assertive qui caractérise ces titres met en évidence un point de vue dont les implications voudraient traduire qu’un groupe terroriste, après une longue période d’existence, continue de faire l’actualité. Ce sont au fait des titres alarmistes dont l’enjeu est de mettre aux yeux du monde les relents terroristes et appeler à poursuivre le combat. C’est donc tout l’enjeu argumentatif de cette position syntaxique qui accroche l’attention du lecteur ou de la lectrice dès le premier contact avec le journal.

En gros, la formulation de chaque titre est ici fondée sur le bilan chiffré du passage des combattants de BH dans les localités sinistrées. L’évocation des bilans dès l’entrée du journal permet de montrer que le terrorisme est une préoccupation réelle si bien que ses dégâts ne sont plus à démontrer. Ainsi, l’instance journalistique entend dès les titres, généralement imprimés en gros caractères, porter à l’attention du public la menace terroriste, s’inscrivant ainsi en faux contre l’idée populaire qui laisserait croire que BH serait déjà vaincu et donc inexistant.

Déconstruire le mythe d’une guerre oubliée : vers une posture éditoriale de L’Œil du Sahel sur la violence terroriste à partir des titres

Depuis la survenue de BH, L’Œil du Sahel en a fait le sujet essentiel de ses parutions, si bien qu’une moindre actualité à propos est relayée de façon ostentatoire. La mise en discours incessante des attaques de BH dans la région de l’Extrême-Nord est révélatrice d’une certaine posture de communication, laquelle entend déconstruire le mythe d’une guerre ignorée, tout au moins négligée. Le fait de mettre ces événements toujours en page principale et en gros titre témoigne d’une volonté manifeste de rappeler à la conscience collective les conséquences d’une guerre silencieuse dont les populations paient le lourd tribut. Cette hypothèse peut se vérifier à partir des faits langagiers qui composent les titres en une du journal et qui sont décrits dans cette section. En effet, la une s’avère une forme textuelle de prédilection pour véhiculer le positionnement. L’enjeu de visibilité qu’implique la construction d’une une est un indice d’une certaine visée implicitement élaborée. Selon Charaudeau,

L’exigence de visibilité oblige la presse à composer les pages de son journal de sorte que les nouvelles puissent être aisément repérables et saisies par le lecteur. Aussi, l’instance médiatique doit-elle apporter un soin tout particulier à la façon d’annoncer les nouvelles et les présenter. Elle le fait à travers la mise en page (Unes, rubriques, photos, dessins, graphiques, tableaux, types de colonages, encadrés, etc.) (Charaudeau, 2011, p. 196).

À lire Bobbo Moussa (2022, p. 4), « alors que cette guérilla entre Boko Haram et les forces de sécurité camerounaises dure depuis presque dix ans, ses impacts sur les problèmes sécuritaires locaux préexistants sont importants mais négligés ». À la suite de cet auteur qui soutient que BH, constitue, à l’heure actuelle, « un arbre qui cache la forêt » (Bobbo Moussa, 2022, p. 1), il est de bon ton de noter que la crise est beaucoup plus complexe qu’elle ne parait. Ses implications étant nombreuses, la position de la presse régionale L’Œil du Sahel est celle du maintien constant non seulement du dispositif sécuritaire, mais globalement d’une veille continue contre toute forme d’insécurité dans la région.

Ainsi, la mise en scène alarmiste des attaques de BH répond à un enjeu de déconstruction des représentations qui tendent à considérer cette guerre comme terminée. Il est en réalité question de « désillusionner » au sujet de la fin de cette crise en présentant les faits, notamment les attaques quasi quotidiennes. Ces dernières dénotent un net relâchement du dispositif sécuritaire qui ne profite qu’à l’ennemi. Ceci se fonde sur de nombreuses enquêtes journalistiques de L’Œil du Sahel[6], mais surtout sur le fonctionnement de la composante linguistique et discursive des informations qui légitime le positionnement de l’organe de presse. Sans reprendre les analyses faites dans la première partie de ce texte, il y a lieu de noter que lorsque le journal appelle à la « remobilisation », telle que formulée dans le titre « Boko Haram : vigilance et remobilisation », les sous-entendus mettent en évidence une démobilisation observée en contexte de guerre contre BH. Face donc à ce constat, l’organisation discursive de la plupart des titres sur les incursions de BH entend déconstruire cette perception et vise à (re)susciter une mobilisation idéologique contre cet extrémisme violent. Cet enjeu argumentatif est essentiellement une question de langage, car comme le note Daouaga (2023, p. 57) « la compétence argumentative » est mise en branle par les outils linguistiques qui lui donnent toute sa force nécessaire. Dans ce sens, l’énonciateur·trice journaliste, pour rendre sa visée argumentative fonctionnelle, choisit des termes appropriés qui puissent contribuer à la construction de la paix. En fin de compte, la presse en appelle à la conscience aussi bien nationale qu’internationale pour une mobilisation contre ce groupe violent qui ôte la vie, la dignité et l’espérance des populations.

Conclusion

Les titres du journal régional L’Œil du Sahel sur la violence terroriste BH dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun permettent, à travers leurs propriétés discursives, de dépeindre une atmosphère particulière, dans un contexte de terreur. Le but poursuivi dans cet article était de mettre en évidence les enjeux argumentatifs liés à ce contexte de lutte contre l’extrémisme violent. L’analyse de ces titres journalistiques dans la perspective de l’argumentation, et dans une problématique d’influence, a permis d’en relever les portées communicatives. Pour infléchir les représentations du lectorat du message, le ou la journaliste a recours à trois ressources argumentatives principales. D’abord, les stratégies de positionnement, en tant que lieu de manifestation de la position de l’énonciateur·trice par rapport au contenu de l’énoncé, montrent comment BH est un mouvement destructeur qui ôte à l’humain son humanisme. Une telle caractérisation de BH participe d’une visée persuasive invitant tout le monde à se dresser contre l’idéologie terroriste. Ensuite, la problématisation met, de façon régulière, sur l’espace public, la problématique du regain d’attaques terroristes dans la partie septentrionale à l’heure où s’observe un relâchement du dispositif sécuritaire. Ce procédé discursif rappelle à la mémoire collective l’impérieuse nécessité de maintenir un état de veille dans la mesure où BH ne devrait être considéré comme une guerre oubliée. Enfin, les indications chiffrées, rapportant les bilans d’attaques terroristes, mettent en avant soit la thématisation des victimes pour susciter une communauté compatissante, soit la mise en scène emphatique de BH pour mettre en évidence sa responsabilité. Tout ceci concourt finalement à la construction d’une posture éditoriale qui a fait de la guerre idéologique contre ce groupe terroriste une priorité stratégique en récusant toute manœuvre de déni.

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  1. Dans un texte intitulé « Cameroun. Évènements de 2019 » publié sur son site, Human Rights Watch note que les attaques de BH s’intensifient dans la région de l’Extrême-Nord. Voir https://www.hrw.org/fr/world-report/2021/country-chapters/cameroon[2] Selon les critères établis par Prost, le corpus devrait remplir les conditions suivantes : être contrastif, être diachronique et être constitué de textes émanant de locuteurs collectifs, de textes significatifs (Prost, cité par Deleplace, 1996, p. 313).[3] N’ayant pas adopté une perspective lexicométrique dans ce texte, les statistiques d’apparition de ce lexème dans le corpus n’ont pas été effectuées. Dans cet article, je tiens beaucoup plus à la valeur contextuelle d’une unité linguistique qu’à sa fréquence dans le corpus.[4] À ce sujet, l’on peut se référer à l’enquête journalistique menée et publiée par L’Œil du Sahel dans son édition du 19 novembre 2019, n° 1298. Celle-ci révèle que « chars, lance-roquettes, blindés et autres matériels déployés autrefois pour combattre Boko Haram disparaissent peu à peu de la vue des populations. Pour l’armée, la raison en est simple : le groupe terroriste est militairement défait ».[5] Nous signalons que la focalisation en tant que procédé linguistique n’est pas évoquée comme argument dans cet article. Le terme est beaucoup plus utilisé pour indiquer l’idée d’une certaine emphase dans le discours.[6] De nombreuses enquêtes journalistiques ont révélé la suppression de plusieurs dispositifs sécuritaires dans la région de l’Extrême-Nord. C’est le cas de la 4e Région militaire interarmes (RMIA 4) pilotée par des militaires constitués du 42e Bataillon d’infanterie motorisée (BIM) de Mora et de ceux de l'opération émergence, basée à Goumbouldi et supprimée le 2 novembre 2019. Voir L’Œil du Sahel, n° 1291 du mercredi 13 novembre 2019.

Pour citer cet article

KALADZAVI, Daniel. 2024. « Boko Haram : agir ou mourir ». Portées argumentatives des titres de L’Œil du Sahel sur les attaques terroristes dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. JEYNITAARE. Revue panafricaine de linguistique pour le développement, 3(1), en ligne. DOI : 10.46711/jeynitaare.2024.3.1.1

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