Volume 1, numéro 0 – 2023 : Une archive de l’analyse du discours en Afrique de l’Ouest (republication)

Table des matières

 Une image de l’analyse du discours en Afrique de l’Ouest. Présentation

Aimée-Danielle LEZOU KOFFI et Marie-Anne PAVEAU

Charte de Kurukan Fuga : mémoire et communauté

Amadou SAÏBOU ADAMOU

L’article a pour objet la Charte de Kurukan Fuga produite oralement au 13e siècle, à l’instauration de l’empire du Mali, dans une société à peine sortie d’une longue guerre. Le texte a été récemment (2008) reproduit sous forme écrite et moderne. La Charte de Kurukan Fuga suscite un grand débat. Les discours tenus à son propos le sont le plus souvent sous le régime de l’épidictique. Les uns le louent, l’élevant même au rang de première constitution élaborée par l’Homme ; les autres le réfutent, n’y voyant qu’une manipulation, le produit d’un grossier montage dont l’ambition cachée est la réinstauration d’un état féodal. Le présent article – qui n’ignore pas cette polémique – étudie la Charte (la version écrite de 2008) sous la grille argumentative et pragmatique de l’analyse du discours. Il s’appuie sur les dimensions mémorielles du texte, pour rendre compte de sa réception controversée, pour en identifier les composants et en comprendre l’intentionnalité. Après un rappel sur la genèse, l’évolution formelle et la réception du texte, l’exposé démontre que la Charte de Kurukan Fuga est une mémoire discursive à caractère incitatif. Sa transdiscursivité en fait, à l’origine, le témoin particulier d’une société pluriculturelle et d’une volonté politique de conciliation et de progrès.

DenDiraagal haalpulaar’en : des mots pour refaire le lien social !

Kalidou SY

La société haalpulaar, en dépit de ce qu’un regard extérieur peut  laisser supposer, se donne à lire, en ses pratiques routinières, comme un ensemble de procédures de réduction des distances et d’accès à l’Autre et aux autres. Une anthropo-sémiotique des pratiques de la parenté à plaisanterie pourrait ici aider à un partage des savoirs et des savoir-faire pour mieux appréhender les multiples conflits sociaux, à commencer par la xénophobie.

Mouvements argumentatifs dans les textes politiques. Analyse sémiodiscursive de l’allocution de Nicolas Sarkozy à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar

Momar CISSÉ

L’objectif principal de cet article est triple. D’abord, contribuer à la typologie des procédés persuasifs du discours politique. Ensuite, participer à la relance de l’intérêt de la rhétorique par la linguistique et l’analyse des textes. Et enfin, montrer que les modes d’organisation du discours peuvent faire sens dans le cadre d’une analyse des textes à visée argumentative. La perspective choisie est détaillée à travers l’analyse de l’allocution de Nicolas Sarkozy à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. La première partie indique les coordonnées fondatrices de la situation d’énonciation de l’allocution. La seconde partie offre une présentation des différentes étapes du parcours de l’argumentation : la problématisation, le positionnement et l’acte de preuve. La troisième partie décrit les stratégies qui sont mises en œuvre à chacune des étapes de cette mise en argumentation.

L’altérité en discours : une ressource argumentative dans le discours de campagne ?

Nanourougo COULIBALY

La réflexion qui suit est construite autour de la notion d’altérité prise comme la qualité de ce qui est autre et reconnu comme tel dans son rapport avec un point de référence. Ce point de référence peut être culturel, racial, langagier ou discursif. Quel que soit le domaine, elle est une identité remarquable qui rompt avec une certaine homogénéité. L’intérêt de la réflexion est porté sur l’altérité dans un contexte discursif et plus spécifiquement dans le discours de campagne électorale en Côte d’Ivoire en 2010 : celui de Laurent Gbagbo. L’étude démontre que l’altérité discursive est une véritable stratégie de communication que l’opposant historique à Félix Houphouët-Boigny, devenu président de la République, a choisi visiblement pour construire son image présidentielle d’homme de la situation et déconstruire celle des autres.

Dénomination et approche sémantique dans L’Anté-peuple de Sony Labou Tansi

Anatole MBANGA

La dénomination des personnages est l’une des caractéristiques de la création littéraire chez Sony Labou Tansi. Les personnages mis en scène dans L’Anté-peuple relèvent de l’imaginaire de l’écrivain congolais. Chacun est porteur d’un nom dont le signifié, d’une part est en adéquation avec sa fonction/son rôle dans la trame du récit romanesque et d’autre part prend racine dans le substrat culturel et linguistique congolais. L’auteur a donc opéré des choix motivés dont la prise en compte favorise la compréhension du roman.

De l’argumentativité des interjectifs dans Allah n’est pas obligé de Ahmadou Kourouma

Djédjé Hilaire BOHUI

La problématique de l’argumentation, phénomène consubstantiel à l’interaction verbale, est au centre de cette contribution. Plus encore, celle-ci postule l’argumentativité intrinsèque de la langue, de toute langue. Pour en faire la preuve, la contribution s’appuie sur les interjectifs en langue africaine, en l’occurrence le malinké, extraits de Allah n’est pas obligé de Ahmadou Kourouma. Entre statut d’intensificateur, de certificateur, d’opérateur de modalisation des données énoncives décrites, l’étude met au jour, en définitive et corrélativement, comment ces interjectifs acquièrent force et pouvoir d’opérativité pragmatique au titre des mécanismes d’inscription du sujet parlant dans son énonciation/énoncé. La démarche heuristique, elle, associe approche grammaticale au sens de combinatoire et position des mots-cibles de l’étude, et analyse de discours à travers la description des composantes linguistiques articulées aux composantes rhétoriques pour révéler les effets de sens. Au total, la contribution montre comment l’argumentation en tant que fait discursif est logée au cœur même de la langue d’où elle sert à des fins actionnelles.

Expressions et sens du genre. Une lecture de Crépuscule du tourment de Léonora Miano

Aimée-Danielle LEZOU KOFFI

Une analyse du genre met en présence deux acteurs, l’homme et la femme dans une interaction verticale où l’homme est en position dominante. Dans le discours, l’exercice consiste à identifier les indices discursifs matérialisant les rapports sociaux de sexes. L’analyse se fonde sur le postulat que le discours participe de la dissémination et de la consolidation des représentations. De là, il constitue une voie d’accès privilégiée pour la compréhension de la société. Crépuscule du tourment de l’auteure féministe Léonora Miano propose un kaléidoscope des différentes figures qui élucident les identités sociales. La diffusion des représentations du genre avec son corollaire de bicatégorisation, de domination, de violence procède ainsi de la déconstruction d’un ordre social établi. In fine, ces représentations débouchent sur une appréhension de l’altérité, dans une perspective interculturelle, finalité de l’œuvre.

Digital Object Identifier (DOI)

https://dx.doi.org/10.46711/magana.2023.1.0

Licence

La revue MAGANA. L’Analyse du discours dans tous ses sens est sous licence Creative Commons CC BY-SA 4.0, disponible en ligne, en format PDF et, dans certains contextes, en version imprimée.

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