Volume 1, numéro 1 – 2024. L’analyse du discours numérique en Afrique francophone : praxis situées et appropriations
Table des matières
L’objectif de cet article est d’analyser le discours rapporté dans les pancartes numériques des manifestations du hirak algérien et de dégager les opérations de reprise et de détournement qui s’y attachent. Il s’agit d’étudier la pancarte en tant que technogenre et aussi comme support numérique permettant d’observer le fonctionnement du discours rapporté. L’analyse du corpus composé de 11 pancartes sélectionnées par le moyen des captures d’écran montre les modalités de la mise en genre de la pancarte à travers le fonctionnement énonciatif : l’autocitation et la corporéité. Elle met également en relief les marqueurs définissant la pratique du discours rapporté sur les plans discursif et technodiscursif. La finalité de l’étude est de montrer les particularités du discours rapporté dans la pancarte pour expliquer une circulation et une pratique légitimée du discours du hirak algérien.
Cet article pose le problème des enjeux du décentrement du sens des unités linguistiques en analyse technolinguistique dans un contexte numérique africain. En s’appuyant sur les propriétés morphologiques et sémantiques des technodiscours Hakimi et les bruits tirés de Facebook, il questionne l’apport de l’écologie numérique dans les changements paradigmatiques d’ordre formel et sémantique des technodiscours. À partir des outils fournis par la méthode technolinguistique et le cadre conceptuel de l’analyse du discours numérique, il parvient aux résultats selon lesquels l’élaboration du discours en contexte africain est fortement située, voire postdualiste, du fait des faisceaux de signifiances négociables en fonction des univers référentiels des sujets numériques en discours.
Citoyenneté numérique en Côte d’Ivoire : le cas de Vincent Toh Bi Irié
Le développement des TIC ces dernières décennies est à l’origine de nouvelles pratiques en ligne qui participent à la redéfinition de la citoyenneté. En effet, le début du XXIe siècle est marqué par de profonds bouleversements concernant l’ampleur et la vitesse de la communication, ainsi que l’acquisition, la création et le partage de nouveaux savoirs. Ces changements ont parallèlement occasionné l’émergence de nouveaux types de comportements citoyens influencés par une forte présence technologique. La citoyenneté numérique implique bien plus qu’une simple maîtrise des outils numériques. Elle suppose une redéfinition des droits et des devoirs citoyens autour de l’appropriation des technologies numériques. La Côte d’Ivoire, à l’instar des autres pays du monde, connaît un accroissement de la prise de parole de citoyen·ne·s sans mandat dans les débats publics. Des initiatives citoyennes se multiplient sur les plateformes de communication numérique, rendant ainsi plus audible et plus visible la société civile. S’appuyant sur l’appareillage théorique et méthodologique de l’analyse du discours numérique, cette contribution tente de comprendre comment se met en place la citoyenneté numérique en Côte d’Ivoire ainsi que les enjeux de cette tendance grandissante à travers la personnalité de Vincent Toh Bi Irié, ex-préfet d’Abidjan.
L’article explore le rôle de Facebook en tant que média socionumérique, mettant en lumière son statut d’outil d’expression plutôt que de simple moyen de communication. Les utilisateurs, acteurs principaux de cet espace virtuel, y partagent du contenu, commentent et interagissent, façonnant ainsi une arène de débat. Facebook reflète les représentations sociales, culturelles et identitaires à travers les discours produits par ses utilisateurs. L’étude se focalise sur les discours des internautes algériens concernant les noms de lieux insolites, analysant les perceptions, les ressources linguistiques et sémiotiques utilisées. S’inscrivant dans une perspective écologique du discours numérique (Paveau 2017), l’approche méthodologique inclut l’analyse multimodale d’un corpus numérique hétérogène composé exclusivement de commentaires sur la page Je incitant leur communauté à partager dans l’espace commentaire les lieux les plus insolites qu’ils connaissent dans leur région (quartiers, villes,…).
Cet article traite du technodiscours rapporté, une pratique citationnelle numérique native qui embarque un technodiscours dans un autre, en se passant des matérialités langagières et typographiques traditionnelles du discours rapporté. Sa pratique sur Facebook fait émerger deux formats technodiscursifs : une des déclinaisons du technodiscours rapporté répétant et la technoconversation rapportée qui partagent des traits de numéricité et des mécanismes de prise en charge techno-énonciative permis par le smartphone et facilités par la capture d’écran.
Analyse stylistico-rhétorique de l’ethos discursif dans L’Oseille/Les Citrons de Maxime N’Debeka
L’analyse stylistique de l’ethos discursif s’appuie sur les théories énonciatives et la pragmatique. Elle intègre les outils de la rhétorique traditionnelle. L’Oseille/Les Citrons incite le peuple à une révolution. Le ton acerbe sur lequel le poète engage les populations à s’accaparer les biens dont elles ont été expropriés offre prise à l’ethos révolutionnaire. Cependant, la lecture des poèmes montre que l’ethos n’est pas que révolutionnaire, car l’énonciation porte les vestiges de la prison. Par conséquent, à l’ethos révolutionnaire succède l’ethos de l’amoureux. La scène d’énonciation de l’ethos effectif se déploie à travers un garant dont le caractère et le corps amènent le destinataire à adhérer à la visée illocutoire de l’auteur.
Les artifices du discours populiste : décryptage des tactiques de mobilisation politique
Le discours populiste émerge souvent en période de crise et reflète un dysfonctionnement des mécanismes démocratiques. Au Maroc, ce discours a gagné en visibilité avec la montée au pouvoir du parti islamiste pendant une décennie, en réponse directe aux mouvements sociaux qui ont secoué le monde arabe en 2011. À travers une analyse linguistique, nous avons identifié les principaux éléments constitutifs de ce discours, notamment la victimisation, la dramatisation, la diabolisation et la stratégie du sauveur. Ce dernier se caractérise par la manipulation des émotions, la déformation de l’image des autres partis politiques et la minimisation de leurs efforts en personnalisant les conflits. Ainsi, au lieu d’un débat d’idées, ce discours privilégie un conflit émotionnel, renforçant les liens affectifs entre le parti et ses partisan·es, influençant leurs convictions, orientant leur conscience et façonnant leur opinion.