Volume 1, numéro 2 – 2024. Pour une approche endogène des avertisseurs communicationnels africains
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Notes sur les avertisseurs communicationnels africains
Cette contribution présente les « avertisseurs communicationnels africains » (ACA). Elle en relève l’intérêt scientifique et les enjeux en matière de recherche. La contribution postule que les ACA sont informés du substrat culturel de leur milieu de production. À partir de ce postulat, elle pose que la réussite de l’opération d’assignation de sens doit avoir comme condition d’efficacité chez l’analyste une compétence culturelle du terroir pour mettre au jour toute l’expressivité des ACA. Sur cette base, et se fondant sur les limites intrinsèques de l’opérativité des méthodes d’analyse euro-centrées, la contribution prône la mise en place d’une approche endogène appropriée. Dans cette perspective, elle décrit comment les ACA peuvent servir à titre probatoire pour l’opérativité de l’approche à construire.
Les avertisseurs communicationnels africains. Contribution à une aventure théorique
Le projet d’un dossier thématique sur les avertisseurs communicationnels africains (ACA) vise à élaborer une construction théorique de l’analyse du discours en contexte africain. De nombreux·euses chercheur·euses du Sud global, en particulier en Afrique, soutiennent ce type d’initiative encourageant ainsi la décentration dans la production des savoirs et la valorisation des savoirs endogènes dans les ex-colonies, à travers divers mouvements postcoloniaux et décoloniaux. Cette contribution est inspirée par les travaux de Bohui (2002, 2013) sur les avertisseurs communicationnels, qui mettent en exergue une réalité langagière familière aux locuteur·trices ivoirien·nes et/ou africain·es. En effet, les avertisseurs illustrent une manière anticipative de communiquer, mettant en avant des caractéristiques de la parole africaine au-delà des prouesses rhétoriques de la palabre. Dans une perspective critique, la présente contribution en examine les différents aspects. Elle propose, in fine, que cette initiative inaugure des analyses visant à identifier des traits linguistiques caractéristiques de la parole africaine.
Les avertisseurs communicationnels africains, entre positionnements discursifs et argumentation
L’analyse du discours prononcé par Bassolma Bazié, chef de délégation du Burkina Faso à la 78e Assemblée Générale des Nations Unies (AGNU), a permis d’étudier le fonctionnement des avertisseurs communicationnels. Ces derniers se répartissent en deux catégories : les avertisseurs notoires et les avertisseurs partiels ou dérivés. Ces différentes catégories fonctionnent comme des ressorts argumentatifs, dans la mesure où ils indiquent les postures et les positionnements qui sous-tendent le discours. Ils permettent alors de construire des èthè renforçant la force argumentative du discours qui les porte.
Ce travail étudie le fonctionnement des avertisseurs communicationnels dans un corpus de contes africains. Dans une perspective d’Analyse du Discours, il répond à la question suivante : quels sont les formes et les valeurs des avertisseurs dans le discours des contes? Le corpus, composé de deux recueils : Contes et lavanes de Birago Diop et le Collectif Contes et légendes du Bénin, nous permet, d’une part, de faire le cadrage définitionnel et typologique des avertisseurs et, d’autre part, d’analyser leurs valeurs pragmatiques, argumentatives et génériques. Nous nous fondons sur la théorisation proposée par Hilaire Bohui.
Bien des cas de résolutions de conflits dans les zones rurales rassemblent le conseil de jugement de la chefferie. C’est l’occasion pour les juges traditionnels d’arbitrer les conflits et de permettre à la partie lésée d’obtenir réparation. L’interaction réparatrice induit des rituels de préservation de la face des participant·es sachant que les tensions qu’implique le fait de relater un conflit en vue de le résoudre font planer des menaces potentielles sur les faces. Nous nous proposons de décrire et d’analyser un ensemble de stratégies de politesse investissant l’interaction et dont l’objectif est de préserver les relations interpersonnelles. L’analyse s’appuiera sur la transcription de deux audiences traditionnelles chez les Baoulé en Côte-d’Ivoire. En nous fondant sur l’approche de la politesse linguistique telle que développée par Kerbrat-Orecchioni (2005), plus précisément sur la production des adoucisseurs d’actes menaçants d’une part et d’autre part la production d’actes valorisant la face, nous étudierons la mise en discours du protocole de politesse en contexte africain en nous appuyant sur la théorie des avertisseurs communicationnels africains telle que proposée par Bohui (2002, 2013).
Cet article aborde la sempiternelle question de la crise migratoire qui a retenu l’attention de la presse écrite française depuis 2015. Ainsi, le phénomène migratoire a favorisé l’émergence d’un discours institutionnel, social et idéologique au sein de la presse écrite. L’article examine le sens attribué aux termes migrant et réfugié dans le discours journalistique de deux quotidiens français, à savoir Le Figaro et L’Humanité, qui se positionnent respectivement à droite et à gauche sur l’échiquier politique. Le débat terminologique qui a émergé semble quelquefois se perdre dans des querelles de termes, entraînant parfois une confusion sémantique. L’objectif de cet article est d’explorer le rôle joué par la presse écrite française dans la couverture de la crise migratoire, en examinant les mécanismes narratifs, les choix terminologiques et leur influence subséquente sur la transmission du sens. L’analyse de ces termes en contexte trahit des positionnements énonciatifs d’autant plus qu’elle permet de percevoir que l’émergence du sens ne saurait s’affranchir de l’ancrage idéologique ambiant. Au demeurant, notre approche s’inscrit dans une perspective d’analyse du discours basée sur les concepts clés de la sémantique interprétative.
Cet article analyse dans une perspective comparative les implications morphologique, énonciative et pragmatique des termes d’adresse des discours de vœux de nouvel an de quatre chefs d’État français et de l’actuel Président de la République du Cameroun. La description morphologique présente, respectivement, un emploi des termes d’adresse où l’inclusion extensive des genres est sous-tendue par une formulation composée d’un adjectif au masculin générique et d’un substantif épicène (Mes chers compatriotes), et un emploi où le binarisme traditionnel est régulé par la double flexion (Camerounaises, Camerounais). Les implications énonciatives qui en découlent dressent deux tableaux de relation avec les peuples-destinataires de ces messages de vœux : une relation symbolique entre les présidents français et leurs compatriotes, et une relation familière et de proximité entre le Camerounais et ses concitoyens. Ce travail préliminaire débouche sur une présentation de deux visions du monde liées aux questions de l’égalité et du genre : une vision large et libre de l’égalité des genres, et une vision traditionnelle ou biologique.