Volume 3, numéro 1 – 2024. Trames vertes et bleues : enjeux économiques, sociopolitiques et environnementaux et dynamiques d’acteurs

Table des matières

Présentation. Trames vertes et bleues : enjeux économiques, sociopolitiques et environnementaux, dynamiques d’acteurs

Ibrahima Faye DIOUF et Mamadou Bouna TIMERA

Analyse des biens et services écosystémiques des lacs Thiourour, Warouwaye et Wouye dans une optique de préservation

Aïssatou SÈNE, Birane CISSÉ et Sidia Diaouma BADIANE

L’objectif de cette étude est d’évaluer la valeur économique des biens et services écosystémiques des lacs Thiourour, Warouwaye et Wouye, localisés dans la banlieue de Dakar (à cheval sur les communes de Wakhinae Nimzatt, Yeumbeul Nord et Malika) et faisant partie de l’écosystème des Niayes qui borde la façade nord de l’océan Atlantique. Il s’agit précisément des services d’approvisionnement et de régulation en vue de l’adoption des stratégies d’aménagement urbain durables. L’approche méthodologique s’est basée sur une revue documentaire et sur des enquêtes socio-économiques menées auprès des usager·es pour déterminer les fonctions des lacs et évaluer la valeur économique des activités dépendantes. Les résultats montrent que les activités qui y sont développées génèrent des revenus. Par ailleurs, l’existence de ces lacs et des dépressions naturelles a permis de réduire les inondations et les coûts destinés à la création des bassins de stockage des eaux pluviales pour lutter contre les inondations. Leur intérêt économique et environnemental appelle à une meilleure prise en compte de ces unités dans la planification urbaine et à la mise en place des politiques d’aménagement plus durables.

Entre potentialités et dégradation : les défis de la valorisation verte et bleue des zones humides de Diourbel (Sénégal)

Oumar MAREGA, Caroline LE CALVEZ, Bertrand SAJALOLI, Aladji Madior DIOP, Adama FAYE, Coura KANE et Mamadou Saliou MBENGUE

Conserver et valoriser les zones humides urbaines dans un contexte de pression citadine et de changement climatique est une équation difficile. La ville de Diourbel (Sénégal), à travers la vallée fossile du Sine qui la traverse, est aujourd’hui confrontée à ce défi qui invite à une réflexion sur la gestion durable de ce milieu à la fois fragile et porteur d’importants services écosystémiques. Les vulnérabilités y sont multiples du fait de l’extrême variabilité du climat (sécheresse, inondations…), de la dégradation de la qualité de l’eau et des sols par la salinisation et de la pollution par les déchets, de la pression et de la spéculation foncière afférente à l’étalement urbain. Ces fragilités et vulnérabilités se traduisent par des changements socio-environnementaux qui interrogent les potentialités et les stratégies d’adaptation pour une valorisation verte et bleue des zones humides de Diourbel. Ainsi, l’objectif principal de cet article est d’analyser la trajectoire des usages et des paysages des zones humides de cette cité et de confronter le couple vulnérabilité-aménité dans les espaces d’eau dans un contexte de multiples changements. Dès lors, la finalité est d’éclairer les permanences et les mutations qui les caractérisent, leur perception par les populations locales et d’envisager des stratégies de valorisation, actuelles ou futures, pour ces lieux d’eau.

Cartographie du couvert végétal et des zones humides de la région de Dakar (Sénégal) à l’aide des images Sentinel-2 et Landsat 8 OLI

Mbagnick FAYE, Dome TINE, Gallo NIANG et Guilgane FAYE

Les milieux urbains abritent des couvertures végétales sous plusieurs formes qui remplissent des fonctions écologiques de régulateur thermique, de biodiversité, de qualité de l’air, etc. L’objectif de cette étude est d’analyser, à travers la cartographie, l’évolution des espaces verts et des zones humides en milieu urbain. Les images satellitaires Landsat TM de 1986, ETM+ de 2000, OLI de 2020 et MSI de Sentinel 2 sont utilisées pour l’analyse diachronique de l’occupation du sol et l’identification des espaces verts et des zones humides. La classification supervisée et l’algorithme maximum de vraisemblance ont été utilisés. Les résultats issus de la classification montrent que la végétation urbaine est difficilement analysable sur les images à haute résolution spatiale (HRS). En effet, entre 1986 et 2020, la végétation a diminué dans la région de Dakar et est passée de 10,7 % à 6,6 % en faveur du bâti. Les zones humides (eau) ont connu une légère hausse, environ 0,2 %. Elles sont passées de 0,8 % en 1986 à 1 % en 2020. Les images Sentinel-2 de 10 mètres de résolution spatiale donnent un meilleur résultat sur la cartographie des espaces verts et des zones humides en milieu urbain qu’à celles de Landsat-8 qui sont de 30 mètres de résolution.

Estimation des pertes en sols par érosion hydrique à travers les trames bleues du bassin versant de Niaoulé (Sénégal Oriental) dans un contexte de variabilité pluviométrique

Seydou Alassane SOW, Aliou CISSÉ et Mar GAYE

Dans le contexte actuel des variations pluviométriques, les trames bleues du bassin versant de Niaoulé, Sénégal Oriental, sont marquées par une accentuation d’une diversité d’érosion hydrique : en nappe, linéaire et ravinements. Cette érosion hydrique se manifeste par un affleurement de sols cuirassés, un ensablement des bas-fonds, un affouillement des racines des arbres, des inondations, une destruction d’infrastructures routières et une multiplication des ravins. L’objectif de cette étude est d’évaluer l’influence des facteurs naturels et anthropiques sur les processus érosifs dans un bassin versant à variabilité pluviométrique persistante. La méthodologie de cet article s’articule autour d’une caractérisation du régime des précipitations pour analyser la variabilité pluviométrique grâce à des tests et indices statistiques, des mesures et suivis in situ du ravinement et d’une application de l’Équation Universelle des Pertes en Sols de terres pour modéliser les pertes en terres par érosion en nappe. Les résultats montrent que les ravinements ont entraîné une ablation des berges de ravins variant entre -0,09 m à -0,20 m. Quant aux pertes annuelles en terres, elles sont estimées entre 25 et 127 t/ha/an. Ces érosions emportent des particules fines, de la matière organique et d’autres substances associées au potentiel agronomique des terres. Ce qui est à l’origine de l’appauvrissement en éléments nutritifs des terres agricoles et d’une déprise des activités agro-pastorales dans cette partie du Sénégal.

Valorisation des interstices urbains à travers l’horticulture ornementale à Dakar : acteurs et retombées socio-économiques

Ibrahima NDIAYE, Ibrahima Faye DIOUF, Daniel GOMIS et Sidia Diaouma BADIANE

L’espace public dans la région de Dakar est approprié pour des pratiques économiques et entrepreneuriales, parmi lesquelles l’horticulture ornementale. Ce sont des interstices urbains qui sont valorisés et qui offrent à l’activité agricole des possibilités de déploiement pour répondre à des besoins économiques et sociaux. L’horticulture ornementale est une forme d’agriculture urbaine, pratiquée et vécue dans une agglomération par des agriculteur·trices et des habitant·es à l’échelle de la vie quotidienne. Elle répond à des fonctions économiques et sociales croissantes pour les acteur·trices concerné·es. Dans la région de Dakar, l’horticulture ornementale s’est imposée malgré tout dans le paysage urbain. Son marquage spatial est manifeste et constitue un marché émergent et un enjeu de sécurité alimentaire. Elle génère une forme particulière de l’agriculture urbaine, marquée par la précarité et l’informalité du fait des contraintes foncières. Cette étude se propose de caractériser l’horticulture ornementale dans les interstices urbains dans 17 communes de la région de Dakar. Elle permet de comprendre les enjeux économiques et les processus de négociation des acteurs afin de pérenniser leurs activités dans l’espace urbain.

Valorisation socioéconomique des trames vertes par l’agriculture périurbaine : cas de l’agglomération de Conakry

Mohamed Saliou CAMARA

L’agglomération de Conakry (capitale de la Guinée) connait une croissance démographique rapide et cela entraine un étalement urbain qui fragilise les écosystèmes naturels. Face à ces défis, l’agriculture périurbaine est vue comme un levier d’actions. L’aménagement de trames vertes est ainsi un modèle privilégié par plusieurs villes africaines. Cependant, très peu de recherches s’intéressent aux enjeux socioéconomiques de ces trames. Nous développons donc la réflexion sur les enjeux socioéconomiques de la valorisation des trames vertes de l’agglomération de Conakry par l’agriculture périurbaine. Pour y parvenir, la méthodologie a été bâtie sur une approche mixte. Une partie des données a été collectée pendant la phase de terrain de la thèse (Camara, 2023) à travers une enquête au moyen de questionnaires et des entrevues semi-dirigées. Ces données ont été complétées par l’analyse documentaire (le nouveau Schéma directeur d’urbanisme du Grand Conakry et de la Politique nationale de développement agricole). Les résultats montrent des ménages essentiellement pluriactifs. L’agriculture périurbaine sur les trames vertes constituent un élément central de la stratégie de ces ménages, ce qui constitue leur résilience socioéconomique. Cependant, ces ménages restent vulnérables du point de vue de leur statuts fonciers.

Trames vertes et bleues : outil pédagogique pour une éducation au développement durable

Aminata DIOP

Les trames vertes et bleues sont des composantes essentielles du territoire dans un contexte d’étalement urbain, de péjoration climatique hypothéquant les équilibres écologiques. C’est dans ce contexte de scepticisme sur la durabilité de la vie que l’Éducation au développement durable (EDD) a été introduite dans les curriculums du cycle primaire pour faire des apprenant·es des écocitoyen·nes conscient·es et capables de préserver leur environnement. L’objectif de ce travail de recherche est de montrer que les trames vertes peuvent être des outils pédagogiques de mise en œuvre d’une EDD à partir du programme de géographie de la classe de sixième du Sénégal. L’étude se fonde sur l’analyse du corpus constitué des programmes de géographie de 2006, des orientations de l’UNESCO (2017a) sur l’EDD et sur l’organisation et l’analyse d’une séance d’enseignement-apprentissage dans une classe de sixième. Il ressort de la recherche que les trames vertes et bleues, du fait de leurs caractéristiques et apports multidimensionnels, est un outil adapté à l’EDD. L’approche régionale du programme de géographie de la classe de sixième offre plusieurs possibilités d’étudier les trames vertes et bleues. L’organisation la séance d’EDD a montré que le choix de ressources pertinentes et de stratégies centrées sur le travail de groupe et la facilitation du ou de la professeur·e permettent d’initier les élèves à la complexité. L’étude des trames bleues et vertes, dans une perspective de durabilité, permettent d’appréhender à la fois les savoirs scientifiques, les savoirs expérientiels et de susciter une volonté de s’engager pour le développement durable chez des apprenants.

Infos sur la publication

NAAJ - Volume 3, Numéro 1 - 2024

Digital Object Identifier (DOI)

https://dx.doi.org/10.46711/naaj.2024.3.1

Licence

La revue NAAJ. Revue africaine sur les changements climatiques et les énergies renouvelables est sous licence Creative Commons CC BY-SA 4.0, disponible en ligne, en format PDF et, dans certains contextes, en version imprimée.

Télécharger le PDF du numéro

Partagez cette page


ISSN : Version imprimée

1840-9865

ISSN : Version en ligne

2630-144X