Entre potentialités et dégradation : les défis de la valorisation verte et bleue des zones humides de Diourbel (Sénégal)

Oumar MAREGA, Caroline LE CALVEZ, Bertrand SAJALOLI, Aladji Madior DIOP, Adama FAYE, Coura KANE, et Mamadou Saliou MBENGUE

 

Introduction

Les vallées urbaines, fréquemment appréhendées comme des corridors verts et bleus, sont au cœur des enjeux socio-spatiaux contemporains des villes. Elles accueillent une diversité d’usages – agriculture urbaine, loisirs… – liée aux ressources qu’elles recèlent et qui sont mobilisées par les populations dans un but économique, culturel ou de bien-être. Avec le changement climatique, elles sont aussi perçues comme un moyen d’en atténuer les effets par le maintien ou la restauration des services écosystémiques des milieux humides de fond de vallée. Les zones humides qu’elles accueillent sont ainsi au cœur de la fabrique de l’espace urbain (Sajaloli et al., 2024), qu’elle soit planifiée ou non, et constituent des laboratoires de l’intégration urbaine de la nature (eau, sol, végétation) en ville dans un contexte de mise en réseau des éléments de la nature. En prenant appui sur la vallée fossile du Sine qui traverse la ville de Diourbel (Baol, Sénégal), il s’agit de montrer comment la variabilité climatique articulée avec l’évolution des usages suscitent des vulnérabilités nouvelles. Ces dernières bousculent les perceptions des acteurs et actrices institutionnels/institutionnelles et des habitant·es et favorisent la mise en place de nouvelles pratiques et d’initiatives inédites de valorisation. Jadis maraîchère, la vallée fossile urbaine du Sine est marquée depuis une cinquantaine d’années par des changements socio-environnementaux qui ont redessiné ses modes d’appropriation par les populations locales, changé ses paysages et le rôle qu’elle occupait dans le développement économique de Diourbel.

La sécheresse des années 1970-1980 a entraîné un important déclin et une réorganisation spatiale du maraîchage dans la vallée. L’enjeu de répondre aux besoins alimentaires d’une population croissante donne une place particulière à la dimension productive des zones humides urbaines de Diourbel. L’augmentation de la population et l’urbanisation qui s’en est suivie, ainsi que l’exploitation du sable, ont également modifié les modes d’appropriation et créé de nouvelles centralités avec des espaces appréciés et valorisés différemment. Une des conséquences a été la fragmentation de la vallée fossile en quatre secteurs, faisant l’effet d’îlots verts et bleus aux modes de valorisation distincts, et à leur effacement spatial allant parfois jusqu’à leur disparition du paysage urbain (Le Calvez et al., 2023).

Ces processus et ces reconfigurations spatiales sont aujourd’hui le terreau de nouvelles vulnérabilités qui ont émergé avec le retour des pluies à Diourbel, expression de la variabilité climatique que connaît le Sénégal. L’eau retrouve son chemin naturel, ce qui entraîne des inondations récurrentes dans les quartiers implantés dans la vallée. Celles-ci sont aggravées par la saturation des réseaux d’assainissement et leur dysfonctionnement. L’accès aux ressources de la vallée (eau et sol) nécessaires aux activités de maraîchage qui avaient fait la renommée historique de la ville est rendu difficile aussi bien sur les volets quantitatifs que qualitatifs. Si Diourbel renoue ainsi avec une certaine présence remarquée de l’eau dans la vallée fossile, celle-ci est néanmoins différemment perçue et vécue. Source de risques pour les populations (sanitaires, environnementales, économiques…) dans certains secteurs, elle constitue ailleurs des opportunités de développement. Afin d’enrayer les dégradations de la vallée et pour maintenir les activités dont dépendent une partie de la population, des projets de restauration se structurent.

Dans ce contexte, l’article questionne les perceptions relatives à ces changements socio-environnementaux ainsi que les leviers d’action pour une valorisation globale et intégrée, verte et bleue, des zones humides de Diourbel, devenues aujourd’hui une mosaïque d’îlots humides disjoints. Penser les potentialités des zones humides de Diourbel invite aussi à éclairer sa trajectoire passée et actuelle pour une meilleure intégration de ces espaces dans les politiques publiques de planification et d’aménagement dans un contexte de pression urbaine et de changement climatique (Sajaloli et al., 2023)[1].

Sur le plan méthodologique, l’article, selon les canons des sciences humaines, convoque cinq approches complémentaires. La géomatique et la télédétection quand il s’agit de caractériser les changements spatiaux intervenus dans la vallée du Sine; l’analyse climatique pour mesurer l’ampleur des changements globaux; les entretiens semi-directifs et leurs traitements lexicaux et lexicologiques par le logiciel libre Iramuteq afin de repérer les perceptions et les représentations des lieux d’eau; l’approche économique fondée sur le consentement à payer éclaire l’adhésion sociale aux mutations vertes et bleues de l’espace. Le propre de la démarche choisie, dont chaque pan est successivement présenté dans la démonstration, réside dans la confrontation des cinq approches, ce qui est susceptible d’éclairer les défis multiformes de la revalorisation de cette zone humide urbaine et d’en repérer l’opérationnalité.

Caractériser de manière globale les changements socio-environnementaux intervenus dans la vallée du Sine depuis les années 1960 suppose que soient étudiés simultanément les phases sèches et humides, leurs effets sur l’espace avec toutes les mutations d’usage et d’occupation des sols associées ainsi que les perceptions de ces bouleversements ayant guidé l’aménagement évolutif de la vallée. Dès lors, les vulnérabilités multiformes, produits des interactions dialectiques entre l’évolution des facteurs naturels et celle des réactions anthropiques, sont révélées par deux enquêtes auprès des usagers et par une analyse lexicologique. En émerge une vision ambivalente associant menaces et aménités qui préfigurent l’aménagement futur de la vallée, l’évaluation de ses potentialités économiques par une troisième enquête sur les services écosystémiques et, in fine, la construction d’une trame verte et bleue dans la vallée du Sine.

La vallée fossile du Sine à Diourbel : un espace fluctuant au gré des changements socio-environnementaux

Observer et étudier les changements, c’est analyser les permanences et les mutations et expliciter les facteurs à l’origine de l’évolution d’un espace et de ses pratiques associées. Le climat et la pression démographique jouent un rôle moteur dans les changements socio-environnementaux affectant les zones humides de Diourbel avec des effets perçus différemment dans le temps et dans l’espace.

Le Sine à Diourbel : assèchement de la vallée et variabilité climatique

Vallée morte ou vallée fossile, les qualificatifs relatifs à ces dépressions mettent en avant d’anciennes rivières longtemps asséchées occupant une grande partie du Sénégal intérieur. Du sud du Ferlo en direction du Sine-Saloum, le cours de la vallée du Sine traverse en plein cœur la commune de Diourbel. Sur une distance de 250 km au total, le tronçon du Sine qui traverse la zone urbaine centrale de Diourbel du Nord au Sud fait environ 7 km.

Figure 1. Localisation de la vallée du Sine à Diourbel

Source : Modèle numérique de surface (MNS) crée à partir d’une orthophotographie par drone le 20/12/2023, Open Street Map, Esri Satellite / ArcGis Word Imagery, ©Auteur·es, 2023

L’histoire de la fossilisation des vallées du Sénégal intérieur est relatée dans plusieurs écrits sans datation exacte de la période d’assèchement. D’après Brigaud (1961), il est arrivé parfois que les vallées fossiles du Sénégal soient en eau. Pendant la période de conquête coloniale, le lieutenant de Vaisseau Braouezec Jules (1828-1870) indique en 1841 qu’une inondation a traversé tout le Djolof noyant les vallées mortes du Ferlo. Certains comme Yves Henry (1918), disent qu’il a été possible de voyager en pirogue par la vallée du Ferlo, de Navel près de Matam, au lac de Guiers à cause des pluies exceptionnelles. En 1907, puis en 1930, les cartes topographiques levées par le Service géographique de l’Afrique occidentale[2] Figurent nettement le tracé du Sine et ses affluents en signalant toutefois les cours d’eau à sec une partie de l’année ». En 1952, dans la vallée du Sine, le rapport annuel du service de l’agriculture du cercle de Diourbel stipule que tous les bas- fonds qui ceinturent la ville de Diourbel ont été en totalité travaillés par les maraichers dès le début de la saison sèche. De même, le marigot de N’Diandé, prolongement de la vallée du Sine au Sud de Diourbel a été cultivé dans la quasi-totalité de sa surface exploitable, le canal fournissant de l’eau ayant été entretenu par les exploitants maraichers[3].

Dès le début du XXe siècle, la question de la revitalisation des vallées fossiles du Ferlo à travers les crues du fleuve Sénégal en amont de Matam a été évoquée par Léon Claveau en 1918 (Tourte, 2005). Tel un serpent de mer, ce projet colonial a maintes fois été repris et évoqué par les politiques et programmes d’aménagement du Sénégal indépendant. Sous la tutelle du Ministère de l’hydraulique, le Programme de Revitalisation des Vallées Fossiles (PRVF) a été initié en 1988 et prévoyait ainsi de remettre en eau de manière permanente 3000 km d’anciens cours d’eau à savoir les vallées du Ferlo, du Saloum, du Sine, du Baobolon, du Car Car et de la Sandougou (Adams, 2000). Cependant, en dehors de la basse vallée du Ferlo qui a été mise en eau, ce programme de Revitalisation des Vallées Fossiles (PRVF) a été abandonné suite à une divergence d’appréciation entre les autorités mauritaniennes et sénégalaises sur la faisabilité et les conséquences de ce projet (Sy, 2010).

Cette question de la revitalisation des vallées fossiles, en particulier celle du Sine, est aussi d’actualité, car liée à la trajectoire climatique récente qui a joué un grand rôle dans l’assèchement de ces cours d’eau. En effet, depuis 1968, on observe à Diourbel et ailleurs dans le Sahel une accentuation progressive de l’aridité. Cette sécheresse est d’autant plus brutale qu’elle succède à une période hyper humide de 1951 à 1967. En 1961, un rapport du Centre national de recherche agronomique de Bambey consulté aux Archives nationales de Dakar[4] décrit une vallée drainée en hivernage et encore humide le reste de l’année : « L’influence éolienne a contribué à colmater par endroit la dépression, limitant le drainage, forçant le cours d’eau à dessiner des méandres compliqués. En saison sèche, le lit mineur est marqué par une succession de petites mares et de trous d’eau » (Charreau et al., 1961).

La sécheresse, avec deux paroxysmes en 1972 et 1984, est remarquable par sa durée et par l’ampleur des déficits d’écoulement, de l’ordre de 40 % en moyenne pour le Sénégal (Kane, 2002). Si on observe l’évolution de l’indice standardisé des précipitions (figure 2), la tendance met en évidence plusieurs années d’extrêmes sécheresses (1972, 1973, 1978, 1984 par exemple). Ce contexte climatique a lourdement impacté la vallée du Sine en l’asséchant complètement.

Figure 2. Indice Standardisé des précipitations à Diourbel entre 1951 et 2020

Source : d’après les données pluviométriques de l’ANACIM. © Auteur·es, 2023

À partir du milieu des années 1990, on observe un retour vers les normales pluviométriques à Diourbel. Malgré la grande variabilité entre année sèche et année humide, les phases plus humides sont de plus en plus fréquentes. Avec cette reprise pluviométrique, une grande partie de la vallée du Sine concentre un écoulement temporaire jusqu’au début de la saison sèche, l’eau retrouvant son chemin dans la vallée et faisant fi de l’évolution de l’occupation des sols.

Pression démographique et évolution des modes d’occupation et d’usage du sol : vers une mosaïque verte et bleue?

Les sécheresses des années 70 et 80 ont eu comme effet direct de rendre disponibles des terres qui étaient jusque-là submergées une partie de l’année. Cette mise à nu de la vallée et l’absence d’écoulement important en hivernage ont suscité une occupation des bas-fonds par l’urbanisation croissante de la commune. La commune de Diourbel connaît en effet une pression démographique importante. Selon les projections démographiques du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH, 2013), la population de la commune de Diourbel est estimée à 151 163 habitant·es pour l’année 2017. Avec une superficie de 36 km2 la densité de la population est de 4199 habitant·es au km2 (ARD, 2017). Cette forte croissance de la population urbaine dans une ville moyenne comme Diourbel pose plusieurs défis dont la problématique foncière[5]. La croissance démographique de la population communale diourbelloise se traduit par un étalement de la ville au-delà de ses limites dans les communes qui la jouxtent, mais aussi dans les zones humides intra- urbaines. L’occupation des zones non planifiées pour répondre aux besoins d’espaces fragilise ainsi la vallée fossile du Sine à Diourbel. Entre appropriation formelle ou informelle, expropriation et occupation temporaire, les transactions foncières donnent lieu à des arrangements spatiaux qui questionnent et réinventent la ville, redéfinissent les espaces de production, notamment agricole et maraichère, créent des espaces de risque et donc de nouvelles vulnérabilités. Les années de sécheresse ont eu également des conséquences non négligeables sur le couvert végétal, d’où d’importants changements dans les modes d’occupation agricole du sol (Diallo et al., 2022). Les systèmes de production de la vallée fossile du Sine ont été lourdement affectés par ces évolutions et par le manque d’accès à la ressource en eau. Vallée maraichère intensément cultivée et reconnue pour la qualité et l’abondance de ses produits dans tout le Sénégal avant l’arrivée de la sécheresse au début des années 1970, le Sine a perdu sa vocation agricole durant les décennies 1970 et 1980 tandis que les marigots disparaissaient[6].

À partir de la méthode de classification non supervisée fondée sur l’algorithme des Nuées Dynamiques (Marega et al., 2021; Andrieu et Mering, 2008; Diday, 1971), nous avons cartographié l’évolution de l’occupation des sols à Diourbel via des images satellites Landsat 5 et OLI – TIRS à 30 m de résolution spatiale. Suivant les différentes réponses spectrales, cinq classes thématiques ont été extraites, à savoir : 1) le bâti, 2) les sols nus, 3) la végétation et 5) l’eau et les zones humides. Une analyse des trajectoires concernant l’occupation des sols à Diourbel entre 1985 et 2023 met en évidence cette extension urbaine qui fragmente la vallée fossile (fig. 3 et 4). Passant de 570 hectares de bâti en 1985, la commune de Diourbel affiche 965 hectares de surface bâti en 2023. Plus de 31 hectares de bâti ont été construits sur des espaces qui étaient classés comme zones humides en 1985 (tab.1). S’agissant des lieux d’eau, ils sont passés de 74 hectares en 1985 à 47 hectares en 2023. Par ailleurs, on observe une augmentation importante du couvert végétal sur les espaces périphériques qui jouxtent l’aire urbaine allant d’un peu plus 1000 hectares en 1985 à plus de 6000 hectares en 2023. Cette augmentation du couvert végétal aujourd’hui à Diourbel et ses environs contraste avec la situation de la sécheresse des années 70 et 80. Avec la sécheresse chronique de ces deux décennies et la dégradation du couvert végétal, de grandes étendues de la vallée ont été mises à nu, subissant un tassement et un encroûtement empêchant l’eau de s’infiltrer dans le sol, accentuant ainsi le ruissellement et les risques récurrents liés à l’inondation des zones remblayées et construites avec le retour des pluies. Ainsi, une des conséquences de ces années de sécheresse a été la perte de la mémoire du risque d’inondation, phénomène très fréquent en Afrique de l’Ouest comme en Europe (Gralepois et al., 2011; Sajaloli et al., 2012).

Figure 3. Occupation du sol à Diourbel en 1985 et 2023

© Auteur·es, 2023

Figure 4. Changements des modes d’occupation du sol entre 1985 et 2023

© Auteur·es, 2023. Sources : Cartes réalisées à partir d’images Landsat OLI- TIRS, prise de vue du 22/01/2023, et Landsat 5 TM, prise de vue du 06/02/1985. Projection UTM WGS84 – Zone 28 N, résolution spatiale 30 m, données acquises via USGS/EarthExplorer, https://earthexplorer.usgs.gov/

Tableau 1. Matrice et quantification des changements observés entre 1985 et 2023, © Auteur·es, 2023

Changements observés entre 1985 et 2023 Superficie en hectares
Stabilité du bâti 299,3
Progression du bâti au détriment des sols nus 416,07
Progression du bâti au détriment de la végétation 218,07
Progression du bâti au détriment de l’eau et des zones humides 30,51
Régression du bâti au bénéfice des sols nus -212,13
Sols nus stables 2373,48
Régression de la végétation au bénéfice des sols nus -473,31
Régression de l’eau et des zones humides au bénéfice des sols nus -29,43
Régression du bâti au bénéfice des sols nus -47,07
Progression de la végétation sur sols nus 5652,27
Végétation stable 444,06
Régression de l’eau et des zones humides au bénéfice de la végétation -7,65
Progression de l’eau et des zones humides au détriment du bâti 11,07
Progression de l’eau et des zones humides au détriment des sols nu 17,37
Progression de l’eau au détriment de la végétation 12,15
Eau et zones humides stables 6,57

Il découle de ces changements une fragmentation de la vallée en plusieurs îlots humides et bas-fonds disjoints depuis les années 1980. Le retour des pluies, dans un contexte de vallée remodelée par la sécheresse, interroge les ruptures créées dans les chemins d’eau. Ces changements et évolution dans les modes d’occupation et d’utilisation du sol à Diourbel sont à la base d’une mosaïque verte et bleue perçue et mise en valeur différemment selon les acteurs/actrices et les zones géographiques autour de la vallée (fig. 5).

Figure 5. Localisation des zones étudiées à Diourbel

Sources : Carte réalisée à partir d’images Landsat OLI- TIRS (prise de vue du 22/01/2023), Fond Google satellite et OpenStreetMap / © Auteur·es, 2023

Méthodes de recueil et d’analyse des données discursives sur les perceptions des changements socio-environnementaux, les vulnérabilités et les futures potentialités de l’espace

Les investigations dans la vallée du Sine et les résultats présentés dans la contribution reposent sur un dispositif étoffé de recueil de données discursives. Pertinente pour la collecte d’informations sur les pratiques et les perceptions, l’approche qualitative en sciences humaines et sociales porte une attention particulière aux significations que les acteurs et actrices de la société donnent aux phénomènes et privilégie la compréhension, la description et l’induction. Dans le cadre de l’étude sur les perceptions des changements socio- environnementaux par les habitant·es et les usagers des zones humides de la vallée, la méthode de l’entretien semi-directif a été privilégiée. Deux guides d’entretien ont été construits pour répondre à deux sous-objectifs distincts : le premier étant d’enquêter spécifiquement sur les acteurs et actrices ayant des pratiques agricoles (maraîchage, élevage…) et de vente des produits; le deuxième étant d’appréhender la perception des inondations dans les zones urbanisées de la vallée du Sine.

Un premier guide pour l’enquête sur les pratiques agricoles et de vente était composé de quatre thématiques portant sur le déroulement de leurs activités (statut foncier, usages et finalité de ces usages, rentabilité), sur leur perception et utilisation de l’eau (qualité, pollution, accessibilité, forage, puits…), sur le changement climatique (impact sur les activités, stratégies d’adaptation, risque d’inondation) et enfin sur leur perception des zones humides et ses possibilités de valorisation. Les entretiens ont été réalisés en mars 2022 auprès de 33 personnes représentatives des usages de la vallée. Toujours dans le sens d’une représentativité des discours, des personnes des cinq principales zones humides de la commune de Diourbel (cf Fig..5) ont été sollicitées : Kambu suuf[7] au sud-ouest, Thierno Kandji Est au centre, Keur Cheikh Ibra vers le nord-ouest, Keur Baye Laye à l’ouest et Keur Cheikh Anta situé aussi au nord. Le choix de n’interroger que des usagers des zones humides et non les habitant·es jouxtant les aires palustres sans jamais les utiliser a fortement influencé l’échantillon. Lequel est essentiellement masculin (88 %), dans la force de l’âge (40 % de plus de 65 ans, 24 % entre 45 ans et 65 ans), surtout maraicher (70 %), cultivant pour vendre leurs produits (79 %), ayant un avis négatif sur la qualité de l’eau (55 %) et une vision elle aussi négative des zones humides de la vallée du Sine (70 %). Pour cette enquête, une analyse mixte des discours – qualitative avec une approche lexicale et quantitative avec l’utilisation du logiciel de lexicologie statistique Iramuteq – a été menée à partir du corpus préalablement traduit en français[8]. Si la première éclaire le vécu des relations entre les usagers et la zone humide, la seconde, en recourant à une analyse multivariée, dresse une typologie comportementaliste de ces derniers.

Une deuxième enquête par entretien semi-directif a été menée sur le thème de la perception du risque des inondations dans les quartiers de Diourbel afin de saisir la façon dont les changements sont appréhendés, vécus et perçus (Ba, 2023). Le guide, réalisé par D. Ba en décembre 2022[9] était organisé autour de quatre grands thèmes : la personne interrogée, l’origine des zones humides de Diourbel, les perceptions sur la problématique des inondations dans la commune de Diourbel, la valorisation de ces zones humides. Au total, 16 personnes ont été interrogées dans différents quartiers de la ville. Une analyse qualitative thématique a été jugée la plus pertinente pour mettre en exergue les perceptions. Enfin, le dispositif méthodologique de l’étude est complété par une troisième enquête réalisé par A. Fall (2023)[10] sur la valeur économique des services écosystémiques des zones humides de Diourbel. 50 questionnaires ont été remplis. Certains éléments en sont repris dans cet article afin de mieux apprécier les stratégies d’adaptation aux changements socio- environnementaux.

La vallée fossile du Sine ou comment composer avec une vulnérabilité multiforme à Diourbel?Un entrelacement de facteurs anthropiques et naturels préside à l’avènement d’une vulnérabilité multiforme dans la vallée du Sine de Diourbel. À la problématique centrale de la gestion des eaux d’hivernage et des eaux usées, s’ajoute celle des usages qui dégradent les ressources (sols et eau) et entraînent une fragilisation accrue des activités de maraîchage dans la vallée.

Des risques d’inondation qui questionnent les (dis)continuités relatives à la circulation de l’eau

Comme plusieurs villes sénégalaises (Dakar, Saint Louis, Thiès…), Diourbel est confrontée à des inondations récurrentes depuis une dizaine d’années; ce qui créent des vulnérabilités nouvelles pour les populations résidant dans les quartiers touchés. Au total, au moins 6 quartiers de Diourbel sont régulièrement atteints, l’eau pouvant stagner plusieurs mois rendant impraticables certaines rues et l’accès aux maisons et monter jusqu’à un mètre dans certains quartiers (fig. 6).

Figure 6. Inondations à Diourbel

© Auteur·es, 2023 (à gauche) et © Auteur·es, 2023 (à droite)

Le quartier de Thierno Kandji à Diourbel est particulièrement touché par les inondations. À gauche, le carrefour est inondé, les habitant·es passent par l’étroit trottoir à droite du lampadaire. À droite, les traces sur le mur d’une maison rendent compte de la hauteur que peut atteindre l’eau.

Ces inondations sont la conséquence d’un entrelacement de facteurs naturels et anthropiques. L’urbanisation des bas-fonds asséchés de la vallée du Sine a entraîné une artificialisation des sols, une modification de la configuration des lieux (pentes…) et la création de coupures urbaines qui bloquent l’eau ou la réoriente (routes, voie de chemin de fer…). Or, l’eau retrouve son chemin naturel dans les points les plus bas de la vallée fossile du Sine, points bas qui sont désormais occupés par des quartiers d’habitations. La concentration des pluies dans le temps et leur intensification entraînent une saturation plus rapide des sols nus et un ruissellement accru sur les zones imperméabilisées par cette urbanisation. En outre, la difficulté à planifier l’expansion urbaine en l’accompagnant d’aménagements dédiés aux eaux pluviales complexifie la situation. Guèye (2014) précise également que les réseaux existants ne sont pas calibrés pour les débits d’eaux usées qui augmentent ces dernières années à cause de l’urbanisation croissante et des pluies. Les vitesses d’écoulement augmentent elles aussi, entraînant une saturation du réseau.

Les aménagements urbains d’assainissement– dont font partie les eaux pluviales – qui existent dans certains secteurs de ces quartiers aggravent les inondations, faute d’entretien des ouvrages qui composent les réseaux ou tout simplement par défaut d’ouvrage. Le mauvais état et le mauvais entretien du système d’assainissement ont deux conséquences principales : d’une part, une absence d’évacuation vers l’aval de la vallée fossile, d’autre part, un blocage de l’écoulement (bassins de rétention servant de dépotoirs, canaux bouchés) qui favorise les inondations. Le canal d’assainissement qui parcourt le quartier Ngolombith dans la vallée est ainsi caractéristique de l’aggravation des inondations faute de système d’évacuation adéquat : malgré sa vocation initiale d’évacuer les eaux usées des quartiers hauts vers les Kambu suuf en aval, il s’arrête net dans une cuvette et déverse ainsi les eaux dans une zone résidentielle noyant ce quartier. Cet habitant ne dit pas autre chose :

Nous sommes tous confrontés aux inondations depuis la présence de cette route, mais ça a empiré avec la présence de cette canalisation. Elle est présente ici depuis 2 ans; l’eau devait être acheminée jusque vers Kambu suuf, mais ils ont arrêté ici, car, selon eux, les moyens ne permettaient plus de continuer. Conséquence, tout le quartier est maintenant inondé; mais avant cela; nous n’étions pas confrontés à ce problème d‘inondation.

L’inadaptation des ouvrages et le manque d’entretien relèvent de la gestion collective de l’eau à l’échelle de la ville de Diourbel. Les dysfonctionnements constatés et les témoignages relayés par les entretiens réalisés sur le terrain érigent la restauration des chemins de l’eau en priorité majeure tant les conséquences de la stagnation de l’eau sur les habitant·es des quartiers concernés sont importantes. Celles-ci sont triples pour les personnes interrogées. Les inondations entraînent une perte économique pour les maraîcher·es, les artisans et les commerçant·es qui voient leurs produits détruits par la stagnation de l’eau : « Il y a 2 ans, j’ai perdu 7 tonnes de ciment à cause de la forte pluie, […] tout ce que l’eau touche est détruit; elle n’envahissait que la cour, mais maintenant, tout l’intérieur du bâtiment est touché » (entretien auprès d’un quincailler, décembre 2022).

L’incidence est également foncière, car les inondations entraînent une perte de valeur du bâti à cause de sa dégradation. Certains habitant·es sont contraint·es d’abandonner les maisons qui sont inondées sans que des compensations ne soient proposées. En 2012, une estimation émanant de la municipalité indique que 1080 personnes auraient été délogées à cause des inondations. Dans le même sens, certaines parcelles achetées par des propriétaires sont désormais inconstructibles à cause de l’eau qui recouvre les terrains une partie de l’année. Plus globalement, l’enjeu est social, car la stagnation de l’eau, en empêchant l’accès à certaines rues, crée un isolement pour les personnes riveraines. À cela s’ajoute un sentiment d’insécurité, comme l’explique une autre personne rencontrée : « Nous vivons un isolement, surtout à partir de la nuit. Personne n’ose trainer ici le soir ». En sus, l’impossibilité pour certain·es commerçant·es ou maraîcher·es à travailler en période d’inondation a un impact sur les revenus et sur les familles. La perception des inondations est variable selon les personnes rencontrées, même si toutes s’accordent à dire que la stagnation de l’eau est le problème majeur. L’inondation est appréhendée comme « cette eau qui stagne ici depuis l’hivernage ». Elle est appelée « wamé » par une autre personne rencontrée, c’est-à-dire une eau abondante et stagnante, plutôt que « mbeund », terme wolof pour les inondations. Elle envahit tout, tel que l’explique un habitant : « l’eau de pluie qui envahit les habitations jusqu’à ce que les populations soient obligées de se déplacer ». L’enquête révèle par ailleurs que les personnes rencontrées ne s’accordent pas sur l’origine des inondations. Pour les uns, elles sont liées à des phénomènes naturels comme le ruissellement, les fortes pluies. Mais pour d’autres, le caractère anthropique des inondations ne fait aucun doute, et notamment pour cette femme riveraine qui souligne que « une inondation est due à une cause naturelle, mais celle-là est liée à une cause anthropique ». Les aménagements des eaux pluviales et les déchets sont mis en cause.

Des usages qui fragilisent la vallée : du dépôt des déchets à la dégradation des paysages et la qualité des ressources en eau

L’accumulation des déchets solides dans la vallée du Sine est une réalité qui n’épargne actuellement aucun des secteurs de la vallée. Cette funeste utilisation de l’espace se déploie à la fois dans les interstices laissés vacants tout en composant avec le maraîchage, les activités de loisirs, les habitations en zone urbaine. L’occupation principale du sol dans des secteurs périphériques donne naissance à de véritables champs d’épais déchets (fig. 7). L’accumulation verticale crée des couches entières de sol qui servent de remblais pour les habitations qui grignotent petit à petit les versants de la vallée.

Figure 7. Déchets et zones humides à Diourbel

En plein cœur de Diourbel, un fragment de la vallée fossile du Sine qui apparait ici comme un îlot encerclé par du bâti et des dépôts de déchets qui entravent la circulation de l’eau. Vue aérienne par drone – le 20/12/2023, © Auteur·es

La gestion des déchets dans la vallée du Sine à Diourbel, comme dans beaucoup de villes d’Afrique de l’Ouest (Dorier, 2002), est un enjeu majeur dans la mesure où le dépôt systématique entraîne notamment une dégradation de l’environnement et de l’eau, que le brûlage régulier tente de résorber, entraînant paradoxalement une dégradation de la qualité de l’air. La vallée du Sine n’a pas eu vocation à accueillir les déchets de Diourbel, la situation s’est installée petit à petit au fil des années : d’une part par l’impossibilité croissante d’absorber le flux des déchets solides ménagers et, d’autre part, par l’impossibilité de les évacuer dans la décharge publique de la ville. Les espaces de la vallée du Sine laissés vacants par l’eau et par le maraîchage durant la sécheresse des années 1970 et 1980 ont ainsi été mobilisés pour héberger les déchets de la population tandis que la municipalité décidait au début des années 1990 de diriger les eaux usées de la ville vers ces bas-fonds. Le dépôt dans la vallée joue deux rôles : il peut être transitoire lorsque des bennes sont mises à disposition et devient définitif lorsque les bennes ne peuvent être déplacées. Il s’agit également et souvent de dépôts illégaux sauvages dans certains secteurs qui n’ont pas de bennes. Des nettoyages réguliers ont toutefois lieu comme celui mené dans la zone centrale de Pencum Ndox[11] en 2023.

De plus, ces déchets entraînent une pollution visuelle et olfactive, bouchent les réseaux d’évacuation des eaux et contribuent très probablement à la pollution des eaux de surface et souterraines. À ce jour, aucune étude n’a été menée sur la présence de polluants dans les eaux de la vallée et des nappes souterraines. Les enquêtes réalisées auprès des acteurs/actrices de la vallée ont uniquement documenté la perception sur les impacts directs et indirects des déchets solides sur les activités, le cadre de vie et la santé. Pour les maraîcher·es, la perception est ambivalente. Certains déchets plastiques portent préjudice à leurs activités :

Quand il y a du vent tous les déchets s’envolent et se collent aux arbres ce qui est néfaste pour nos plantes. En plus, les déchets plastiques tuent les animaux en divagation qui à leur tour dégagent de très mauvaises odeurs. Ceci perturbe notre bien-être et menace notre santé. Il y a de l’eau dans les Kambu Suuf; sans les déchets, cette eau pourrait être utile.

Les déchets sont une pollution au même titre que les eaux usées. Une personne rencontrée mentionne cette accumulation renvoyant à un cloaque : « Des déchets et des eaux usées s’y mélangent, ce qui dégage une forte odeur nauséabonde. Je ne le fréquente plus depuis un bon moment ». Les zones humides sont devenues pour d’autres une décharge à ciel ouvert : « C’est le lieu d’habitation des serpents et un dépotoir d’ordures. Notre santé et notre sécurité sont menacées par ces espaces humides. Il n’y a plus d’activités autour des zones humides sauf les ramasseurs de déchets parce que maintenant c’est une décharge ».

La principale problématique est en effet la pollution de l’eau, c’est un sujet récurrent, une des menaces les plus mentionnées dans l’enquête auprès des maraîcher·es. Il est souvent fait mention de la contamination des nappes souterraines qui inquiète particulièrement les personnes rencontrées, mais elles expliquent qu’à moyen terme, l’enjeu demeure le maintien de leurs activités. De façon plutôt contre-intuitive, ce ne sont pas les déchets qui sont mentionnés comme les sources de pollution de l’eau, mais les eaux usées et un événement qui a marqué les esprits localement : le déversement de produits chimiques par l’usine Sonacos dans les années 1990. Pour beaucoup, cette pollution est définitive : « La qualité de l’eau s’est dégradée depuis quelques années. Des eaux usées sont déversées dans la vallée, la polluant de manière inexorable ». Pourtant, d’autres déchets organiques sont appréciés quand ils sont valorisés sous forme de compost et amendent les sols. Ils sont mêmes plébiscités pour remplacer les produits fertilisants chimiques.

Entre dévalorisation et attraction : une diversité des perceptions et des vulnérabilités

L’eau est au cœur des préoccupations dans la vallée du Sine : entre trop et trop peu, souvent de qualité insuffisante, elle est omniprésente dans les entretiens réalisés auprès des usagers, le maraîchage dépendant de la possibilité d’accéder de façon pérenne à une ressource aquatique de qualité suffisante. La perception de la vallée du Sine par les maraîcher·es est avant tout une vision de l’eau, largement liée à la façon dont elle est utilisée et perçue. Pourtant, de l’enquête émerge une appréhension ambivalente de l’eau, à la fois ressource et danger, avenir et passé, nuisance et opportunité. Des 33 entretiens réalisés par les étudiant.e.s de l’université de Bambey, le traitement lexical mené par le logiciel libre Iramuteq révèle des postures variées. La forme active (c’est-à-dire le mot) « eau » est mentionnée 366 fois (sur les 2553 formes utilisées), marais (204 fois), champ (136 fois), cultiver (98 fois), terre (94 fois) et pluie (73 fois). On retrouve la vocation maraichère de la zone humide, mais aussi une perception aigüe des changements en cours, notamment climatique (33 fois) liée à la dégradation de la qualité des eaux. Le nuage de mots est à cet égard représentatif de la perception globale.

Figure 8. Perception des zones humides diourbelloises

©Auteur·es, 2023, d’après les enquêtes réalisées par les étudiant.e.s de l’université de Bambey

Cependant, la variable âge est assez discriminante. Les moins de 25 ans ont une vision des zones humides assez différente des 25-45 et des plus de 45 ans : il y a d’une certaine manière une zone humide des jeunes, assez tournée vers le renouvellement de ses fonctions (pêche, fraicheur, agrément, loisirs…), une zone humide des adultes qui rassemble les maraîcher·es en activité très engagés dans les productions commerciales et une vallée humide des plus âgés, plus sensibles aux changements négatifs intervenus. Cette variable âge recoupe en partie la variable lieu qui isole bien les lieux d’eau du Centre, perçus très négativement, de ceux de l’ouest (Keur Baye Laye) et du Sud (Kambu suuf) qui, encore maraîchers, suscitent à la fois des espoirs (si la municipalité intervient pour les améliorer) et des déceptions (salinité, inondation, pollution). De même, la variable sexe, même si elle est peu représentative, car l’essentiel des enquêté·es sont des hommes (le maraichage est une vocation masculine) dévoile, chez les femmes, une plus grande condamnation envers l’amoncellement de déchets et, a contrario, une satisfaction trouvée dans la fraîcheur, la nature et les aménités environnementales. Il y aurait donc, là encore, une zone humide des hommes et celle des femmes, plus tournée vers l’innovation (Diouf Ndiaye, 2013).

L’analyse multivariée, conduite par une classification de Reinert, synthétise toutes les variables et leurs modalités. Elle distingue des groupes homogènes d’individus ayant un même discours sur les zones humides.

Figure 9. Classification suivant les profils des enquêtés et les modalités de réponses

© Auteur·es, 2023, d’après les enquêtes réalisées par les étudiant.e.s de l’Université de Bambey

L’analyse en CHD (classification hiérarchique descendante) distingue 7 classes, chacune reliée à un corpus de mots bien spécifiques. Néanmoins, d’après l’arbre hiérarchique (Fig.. 9), l’opposition principale est entre la classe 7 et toutes les autres classes. De même, dans la branche non classe 7, la classe 6 se distingue nettement des autres. Ceci apparaît bien dans l’AFC (Analyse factorielle de correspondances) mise ci-dessous (fig. 10) : la classe 7 (en rose) est très isolée et fortement différenciable des autres classes. Il s’agit des propriétaires âgés touchés par la pollution des eaux et le changement climatique, mais qui n’ont pu s’adapter et déclarent leur activité non rentable. Il en va de même pour la classe 6 (en bleu foncé) qui rassemble des locataires adultes, touchés par la pollution et le changement climatique mais qui ont su s’adapter et développer une activité maraichère rentable. Les autres classes (de 1 à 5) sont plus intriquées, mais il est possible de regrouper les classes 2 et 4 (vert pâle et gris) caractérisées par des usages liés aux loisirs pratiqués par les jeunes. Les 3 autres classes (rouge, bleu, vert vif) sont assez proches et marquent toute une gamme d’usages non agricoles, souvent pratiqués par des femmes.

Cette analyse lexicale s’inscrit donc dans une tension opposant les activités maraichères, toujours dominantes, essentiellement masculines, conduites par des adultes ou des personnes âgées, et les autres vocations plus récentes, notamment liées au loisir et à l’agrément ainsi qu’à d’autres ressources (pêche), intéressant davantage les jeunes et les femmes. Elle est d’une certaine manière porteuse d’espoir pour la revalorisation des vallées et leur diversification d’usages. Encore faut-il que la qualité et l’écoulement des eaux s’améliorent afin que Diourbel puisse accueillir ces projets qui s’intègrent dans la valorisation verte et bleue du Sine. Dans cette perspective de restauration et de revalorisation de la vallée fossile du Sine, se pose donc la question de la recréation des chemins de l’eau dans la ville, susceptible de lutter contre les inondations en reconstituant la continuité des écoulements.

Figure 10. Visions des zones humides de Diourbel

© Auteur·es, 2023, d’après les enquêtes réalisées par les étudiants de l’université de Bambey

Formes de valorisation dans une zone humide sous pression : pratiques d’adaptation et de restauration de la vallée fossile du Sine à Diourbel

Face à ces menaces et à leurs effets destructeurs, de nouvelles aménités émergent du fait du changement climatique, qui de manière concomitante, réactive le maraichage et induit de nouvelles fonctions aux zones humides et des changements socioculturels des habitant·es de Diourbel, plus enclins à pratiquer des activités de loisirs verts de Diourbel.

Trajectoire spatio-temporelle du système maraicher et ses modulations par les modes d’accès à l’eau

L’adaptation du système-maraicher aux variations climatiques et aux aléas anthropiques se lit dans les transferts géographiques d’usages (fig. 11).

Figure 11. Trajectoire géographique des usages dans les zones humides de Kamb Suuf et de Keur Baye Laye

© Auteur·es, 2023

Alors que les sites initiaux, situés au centre et au nord de la vallée, étaient devenus impropres au maraîchage du fait de la sécheresse des années 1970 et 1980, les trous formés par l’extraction de sable dans le sud de la vallée du Sine à Diourbel (quartier de Thierno Khandji, Kambu suuf) ont été requalifiés en zones de maraîchage. En effet, l’accès à l’eau était facilité dans ces carrières, la nappe étant plus proche et le sol particulièrement fertile dans ces trous. Des puits ont été creusés afin de développer les parcelles maraîchères (Ba, 2023), explique un maraîcher du quartier de Thiebbo : « À chaque fois qu’ils terminaient d’exploiter une partie du Kamb, le propriétaire du camion, un membre de la famille de Baye Laye cédait les terres pour du maraichage. À l’époque, on entendait partout parler des jardins de Diourbel ».

L’activité maraîchère se fixe pendant deux décennies autour des Kambu suuf. Deux événements mettent un terme à cette concentration méridionale du maraîchage. Le premier, celui de la pollution des eaux par les rejets de la principale usine de transformation de l’arachide, la Sonacos, en 1992. Si elle condamne brutalement l’activité maraîchère, cette pollution coïncide fort heureusement avec le retour des pluies permettant aux maraîchers de Keur Baye Laye, secteur humide situé à l’ouest de la ville, de cultiver de nouveau les champs. Le second événement est lié au fait qu’en 2012, la zone de Kambu suuf est transformée en bassin de rétention des eaux usées par la collectivité de Diourbel : le maraîchage disparaît même si des pompages pour alimenter les planches de cultures s’y poursuivent : « Avec les fortes inondations qui ont sévi dans la commune, vers les années 2000, la municipalité a eu comme idée de drainer les eaux des pluies vers les kambs. Et, depuis, l’espace est ainsi, plein d’eau. Tout cet espace fait environ 20 ha ».

Cette zone est également devenue, avec le départ de beaucoup de maraîchers, un lieu de dépôt d’ordures ménagères solides, tandis que l’abondance des pluies d’hivernage l’a transformée en plan d’eau insalubre.

À ces mutations spatio-temporelles, succède depuis peu un changement de perception des zones humides associé d’une part à l’apparition d’un besoin de nature et de loisirs verts, c’est-à-dire d’une sensibilité verte et bleue, notamment chez les jeunes, et d’autre part, à une diversification des usages (pêche, élevage…) même si le maraîchage reste dominant. C’est dans cette ouverture que l’évaluation des services économiques conduite par Adjara Fall (2023) trouve tout son sens.

Les mutations spatio-temporelles sont ainsi caractérisées par une triple mobilité : spatiale avec des déplacements géographiques des zones maraichères et de ses maraîcher·es selon l’abondance et la qualité des eaux; fonctionnelle du fait qu’une même zone ayant pu connaître des modes de valorisation très dissemblables; psychosociale avec l’avènement d’un rapport inédit entre les communautés diourbelloises et leurs zones humides. Il y a ainsi une plasticité de l’aménagement qui rejoint la mobilité biophysique des milieux d’eau.

Revaloriser les zones humides en leur affectant une valeur économique : l’exemple de Kambu Suuf

Évaluer économiquement les services écosystémiques en utilisant la méthode de préférences déclarées fondée sur la demande (Hamid, 2018; Meral, 2012; Quillérou, 2019) éclaire les réelles attentes des usagers vis-à-vis de la zone humide qu’ils côtoient. Par une enquête auprès de 50 personnes qui mobilisent une évaluation contingente, on détermine le consentement des consommateur·trices à payer un bien naturel, ici le Kambu Suuf, pour susciter l’amélioration du milieu humide (Fall, 2023). Les questions portent d’abord sur l’identification des services écosystémiques et leur hiérarchie, puis dans le cadre d’un hypothétique lancement d’un programme de réhabilitation de l’espace, l’on se demande quelle somme chaque enquêté·e serait prêt à verser pour contribuer à cet objectif.

Au total, 16 personnes déclarent ne pas souhaiter ou ne pas pouvoir participer au programme de paiement pour la revalorisation des zones humides de Kambu Suuf. Pour ce qui est du refus qui concerne 32 % de l’échantillon enquêté, 10 % refusent, car ils n’ont aucun intérêt pour les Kambu Suuf, 6 % avancent que ce n’est pas à eux de payer, mais plutôt à l’État de le faire, 6 % ne sont pas sûrs que l’argent collecté sera utilisé pour financer la dépollution et l’aménagement des Kambu Suuf, 4 % veulent bien, mais leur revenu ne le permet pas.

Une majorité de personnes, 68 % de l’échantillon, se dit prête à payer pour que Kambu Suuf soit dépolluée et aménagée. Les motifs pour lesquelles les personnes sont prêtes à payer pour la revalorisation permettent d’affiner la compréhension des préoccupations des habitant·es et usager·es à l’égard de ce secteur de la vallée. Pour 23 des 34 personnes, le motif choisi est celui « d’assurer la relance des activités agricoles qui y étaient pratiquées ». Ce motif est d’ailleurs systématiquement présent même lorsque d’autres motifs sont sélectionnés (tableau 2). Pour 12 % des répondant·es, l’enjeu agricole est couplé au développement du tourisme, à l’amélioration du cadre de vie et à la préservation des écosystèmes. D’autres personnes choisissent plutôt le couple enjeu agricole- amélioration du cadre de vie ou enjeu agricole- conservation des écosystèmes. Ce motif qui porte sur la conservation des milieux naturels et leur restauration n’apparaît en fait qu’à cinq reprises dans les réponses positives. Les préoccupations sont d’abord liées au maintien voire au développement des pratiques agricoles dans les Kambu Suuf, à la lutte contre la pollution pour l’amélioration de la vie quotidienne et pour favoriser le tourisme. L’enjeu écologique intervient en second lieu, les personnes mettent plutôt en avant les enjeux socio- économiques qui traversent les zones humides.

Tableau 2. Les motifs d’approbation et de refus au programme de financement envisagé / Source : © Auteur·es, 2023, à partir des données d’enquête, 2023

Participer au programme envisagé? Effectif Pourcentage
Non 16
Autres (à préciser) 10 63%
Ce n’est pas à moi de payer, c’est plutôt à l’État de le faire 1 6%
Je ne suis pas sûr que le montant soit utilisé pour financer la dépollution des zones humides 1 6%
Mon revenu ne me le permet pas 4 25%
OUI 34
Assurer la relance des activités agricoles qui y étaient pratiquées 23 68%
Assurer la relance des activités agricoles qui y étaient pratiquées

| améliorer le cadre de vie de la commune

1 3%
Assurer la relance des activités agricoles qui y étaient pratiquées

| conserver cet écosystème aussi riche pour les générations futures

1 3%
Assurer la relance des activités agricoles qui y étaient pratiquées

| conserver cet écosystème aussi riche pour les générations futures | développer le tourisme dans la commune Diourbel, | Améliorer le

cadre de vie de la commune

4 12%
Assurer la relance des activités agricoles qui y étaient pratiquées

| développer le tourisme dans la commune Diourbel,

9%
Assurer la relance des activités agricoles qui y étaient pratiquées

| développer le tourisme dans la commune Diourbel, Améliorer le

cadre de vie de la commune

2 6%
Total général 50

Par rapport à leur contribution au programme envisagé sur les 68 % des enquêté·es qui se disent prêt·es à payer pour que les zones humides de Diourbel (Kambu suuf) soient dépolluées et aménagées, 56 % ont choisi un véhicule de paiement monétaire et 12 % un véhicule non monétaire. Comme véhicule de paiement non monétaire, sur les trois types de spéculations proposées, 8 % des enquêté·es ont choisi l’oignon, 2 % le gombo et 2 % la tomate. Seulement trois individus ont proposé des montants supérieurs à ceux prévus dans les enchères. Les montants consentis (CAP) varient de 10 000 F CFA à 500 000 F CFA et peuvent être classés comme suit : 92 % des personnes consentent à payer un montant annuel allant de 10 000 à 100 000 F CFA, 3 % des personnes consentent à payer entre 100 000 et 200 000 F CFA et 6 % consentent à payer plus de 200 000 F CFA. Le consentement moyen est de 81 323 F CFA, la médiane de 60 000 F CFA, le minimum de 10 000 F CFA et le maximum est de 500 000 F CFA.

Coïncidence significative, la part de ceux et celles qui ont une vision négative des zones humides d’après l’enquête des étudiant·es sur les usages (70 %) est similaire à celle de ceux et celles qui se disent prêt·es à payer pour leur revalorisation (68 %). Par-delà les biais statistiques (les deux enquêtes n’ont pas exactement été conduites auprès du même échantillon), cela révèle l’ambivalence perceptive de ces zones humides urbaines et, en filigrane, leurs perspectives d’avenir. Espaces dégradés, parfois insalubres et souvent délaissés, ces secteurs sont néanmoins vitaux en assurant revenus et sécurité alimentaire à de nombreux·euses maraîcher·es, car perçus comme productifs et féconds. Leur réhabilitation, dans le cadre du projet vision verte et bleue, s’inscrit donc dans cette ambivalence : en l’état la zone humide repousse, mais revitalisée, elle attire.

Conclusion

Les recherches effectuées dans le cadre du programme BOUDIOU mettent en exergue de nombreuses vulnérabilités, mais aussi la multifonctionnalité des zones humides urbaines de Diourbel. Les enjeux liés à l’extension de la ville au détriment des zones humides, la fréquence des risques d’inondation en lien avec les changements d’usages de sols et le changement climatique font peser des menaces sur cet espace qui rend de multiples services (production agricole, maraichage, ressources en eau…) aux populations. C’est dans ce contexte général que l’on note un regain d’intérêt pour les zones humides urbaines de Diourbel comme en témoignent les nombreux et disparates projets d’aménagement de la vallée du Sine qui, peu ou prou, s’inscrivent dans une vision verte et bleue de la cité. Une opération remarquable et novatrice provient d’une initiative privée située au centre de la ville : Pencum Ndox, un ancien dépotoir fortement affecté par la pollution plastique, a été restauré en un site écologique et récréatif très fréquenté par les jeunes diourbellois. La valorisation de cet espace par la création d’espaces conservatoires a permis de créer des emplois, de mieux gérer l’environnement et également de développer des activités maraichères et touristiques. De même, un projet étatique, conduit par le Ministère des mines, vise à revaloriser toutes les zones humides au sud de la ville liées à l’extraction de sable (Kambu suuf 1, 2 et 3).

Par ailleurs, des tentatives agronomiques d’adaptation des cultures au changement climatique, comme la diffusion du millet (Muller et al., 2017) apparaissent à l’échelle de la région. Cette multifonctionnalité des zones humides diourbelloises donne ainsi lieu à une diversité d’approches dans les formes de (re)valorisation. En parallèle, les résultats montrent également des perceptions variées suivant les acteurs. Plusieurs visages des zones humides de Diourbel sont mis en avant dans les perceptions : espace-ressource pour certains, espace-risque, espace-dépotoir, et espace-loisirs verts pour d’autres. Ces perceptions mènent à des stratégies d’adaptation et de valorisation différenciées. Si on observe une multiplication des initiatives qui vont dans le sens de la valorisation des zones humides de Diourbel, on remarque qu’elles sont cependant assez peu mises en réseau. Des initiatives individuelles comme le projet Pencum Ndox mettent en évidence les opportunités de valorisation. Leur mise en pratique passera par une approche collective et institutionnelle visant à aménager et à revaloriser ces espaces. Fortement sollicitée par les riverain·es des bas-fonds insalubres, l’actuelle municipalité a débuté l’assainissement des zones humides centrales et envisage de nouveau de reconnecter tous les îlots humides aujourd’hui disjoints. Si la question du financement de ces opérations et les conflits d’ambition entre acteurs dissemblables (État, région, collectivité territoriale, acteurs privés, acteurs associatifs…) rendent aujourd’hui redoutable la revalorisation de la vallée fossile urbaine du Sine à Diourbel, nul doute que tous ces projets s’inscrivent dans une vision verte et bleue de la ville.

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Sajaloli, Bertrand, Servain-Courant, Sylvie, Dournel, Sylvain et Andrieu, Dominique. 2012. L’inscription paysagère du risque d’inondation dans les politiques urbaines des agglomérations ligériennes, proposition d’un marqueur de résilience spatiale. Revue Géographique de l’Est [En ligne], 51(3-4). URL : http://rge.revues.org/3439

Sajaloli, Bertrand, Le Calvez, Caroline, et Marega, Oumar. 2023. Femmes et hommes des marais de Bourges (France, Cher) et de Diourbel (Sénégal); Ensemble, vivre et s’adapter au changement. Fresque de 25 posters et kakemono, exposé du 11 mai au 30 septembre au Muséum d’histoire naturelle de Bourges, du 1 au 15 octobre à l’hôtel Dupanloup d’Orléans, du 1 au 12 décembre dans le hall de l’UFR LLSH de l’université d’Orléans, du 18 au 25 décembre au Centre culturel de Diourbel (Sénégal).

Sajaloli, Bertrand, Le Calvez, Caroline, Marega, Oumar. 2024. L’eau dans la ville : aménités et fragilités des zones humides urbaines du Nord et des Suds face au changement climatique. Zones Humides Infos, 105, 3-4. https://www.snpn.com/produit/zones-humides-infos-n-105-janvier-2024/

Sy, Oumar. 2010. Mobilité pastorale dans la Basse vallée du Ferlo dans le contexte de la remise en eau. Les Cahiers d’Outre-Mer, 249, 31-46. https://journals.openedition.org/com/5848



  1. L’article mobilise et met en avant une partie des résultats issus des travaux effectués dans le cadre du programme BOUDIOU, un projet de recherche-action sur les marais urbains de Bourges (France) et les zones humides de Diourbel (Sénégal) face au changement climatique. Il prolonge également les réflexions engagées dans le cadre du colloque international sur les aménités et fragilités des zones humides urbaines du Nord et des Sud face au changement climatique (11 au 13 mai 2023 à Bourges) et remobilise les données issues de l’exposition « femmes et hommes des marais de Bourges et des zones humides de Diourbel face au changement climatique » (Sajaloli et al., 2023) présentée tant en France qu’au Sénégal.
  2. Archives nationales du Sénégal, Dakar, cotes 1 FI 1099 et 1 FI 353.
  3. Archives nationales du Sénégal, Dakar, document de 1952, côte 2G56 n° 109.
  4. Cote Po III 1451, Archives nationales du Sénégal.
  5. Selon un entretien avec M. Alioune Tine, second-adjoint au maire de la ville de Diourbel, la ville frôle les 160 000 à 170 000 habitants en 2023 d’après le dernier recensement.
  6. Symbole tragique de cet assèchement des bas-fonds, le dernier caïman des zones humides de Diourbel est mort en 1987.
  7. Terme Wolof pouvant se traduire par « trou de sable » pour désigner les zones humides qui ont pris place dans les anciennes carrières d’extraction de sable
  8. Les entretiens ont été retranscrits en français dans un fichier de près de 200 000 signes.
  9. L’étude de Dieynaba BA (2023) sur les inondations à Diourbel a constitué son mémoire de Master 2, soutenu dans le cadre du Master Développement Durable de l’Université Alioune Diop de Bambey.
  10. L’étude d’Adjara Fall (2023) a là aussi constitué son mémoire de Master 2, soutenu dans le cadre du Master Développement Durable de l’Université Alioune Diop de Bambey.
  11. Terme wolof signifiant « Lieu d’eau », Pencum Ndox est le nom donné au projet de restauration écologique d’une portion de la vallée du Sine à Diourbel, et porté par M. Sidy Guissé Diop.

Pour citer cet article

MAREGA, Oumar, LE CALVEZ, Caroline, SAJALOLI, Bertrand, DIOP, Aladji Madior, FAYE, Adama, KANE, Coura et MBENGUE, Mamadou Saliou. 2024. Entre potentialités et dégradation : les défis de la valorisation verte et bleue des zones humides de Diourbel (Sénégal). NAAJ. Revue africaine sur les changements climatiques et les énergies renouvelables, 3(1), en ligne. DOI : 10.46711/naaj.2024.3.1.3

Licence

La revue NAAJ. Revue africaine sur les changements climatiques et les énergies renouvelables est sous licence Creative Commons CC BY-SA 4.0, disponible en ligne, en format PDF et, dans certains contextes, en version imprimée.

Digital Object Identifier (DOI)

https://dx.doi.org/10.46711/naaj.2024.3.1.3

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ISSN : Version imprimée

1840-9865

ISSN : Version en ligne

2630-144X