Appels à contribution pour des dossiers thématiques
Appel volume 3, numéro 1 : « La société civile africaine et l’État face au coronavirus : risques sanitaires, vulnérabilités sociales et environnement »
Coordination
Dossier coordonné par Alain-Roger EDOU.
Présentation
La crise sanitaire qui secoue le monde entier depuis 1er décembre 2019 a ébranlé les États riches et pauvres sans distinction. Alors que les prévisions de l’OMS et des observateurs avertis avaient annoncé une hécatombe en Afrique, ce continent semble se démarquer par une résilience plus grande face à ce « pathogène nécrophile » (Edou, 2020). Le présent numéro entend creuser les dynamiques constitutives de la réponse africaine dans ses deux dimensions top down et bottom up.
Dans le premier cas, l’État en Afrique est confronté à ce virus après l’Asie, l’Europe et l’Amérique. À un rythme variable, les frontières sont fermées et les mesures de confinement adoptées dans près de 45 pays. Les systèmes de santé sont « mis à l’épreuve » (Jaquemot, 2020). Bien que la docilité ne soit pas le propre chez nombre de citoyens et citoyennes, la mobilisation du biopouvoir foucaldien ne fait pas vraiment recette pour envisager le confinement strict dans la majorité d’entre eux. La réponse publique semble pilotée du haut, dans une configuration centraliste, même si les périphéries administratives sont intégrées dans la mise en œuvre du dispositif de lutte. Ainsi, « l’État profond » (Chevallier, 2019), tiraillé par la complexité du virus et les « incertitudes » (Morin, 2020) de la communauté des savants et savantes, pose le problème de sa capacité à reprendre le contrôle de la régulation de la vie sociale, économique et culturelle dans un contexte marqué par « l’individualisation des parcours de soins » (Amselle, 2020) et le ralentissement de l’activité économique. Cette faiblesse structurelle pourrait justifier l’émergence des acteurs infraétatiques.
Dans le deuxième cas, la société civile africaine est visible dans certains pays et moins présente dans d’autres. L’usage de ce mot est ici dépouillé de sa charge incantatoire, empreinte de normativisme et d’instrumentalisation idéologique (Otayek, 2009). Il renvoie notamment aux organisations non politisées, de facture économique, religieuse, culturelle, juridique, etc. qui, par leurs mobilisations, jouent un rôle de relais des communautés et parfois de contre-pouvoir à l’État. Une « prolifération empirique » (Poncelet et Gautier, 2007) de ces organisations peut constituer un défi pour l’État, lorsque celles-ci se positionnent dans une logique concurrentielle, et que celui-ci ne dispose pas du monopole des moyens de contrer la propagation du virus.
Les risques épidémiques encourus dans les sociétés africaines posent également un problème environnemental. Il s’agit de penser la nature à la fois comme source de traitement du mal, à travers la médecine à base des plantes notamment (Abayomi, 2010) et la nature comme déversoir des rebuts de la lutte contre le virus : déchets hospitaliers, textile médical, masques jetables, etc.
Dès lors, comment l’État prend-il en charge les risques épidémiques, économiques et environnementaux dans sa lutte contre le coronavirus ? Les organisations publiques et celles de la société civile s’investissent-elles pour préserver l’environnement d’une catastrophe naturelle liée à la pollution par les déchets hospitaliers, les corps ensevelis ou les masques jetables ? Comment les catégories défavorisées et les entreprises sont-elles intégrées dans les politiques nationales ? Les réponses proposées sont-elles efficaces ?
Cette problématisation soulève des débats de santé publique et de sciences environnementales qui nécessitent d’être saisis dans diverses approches, notamment anthropologiques, économiques, démographiques, sociologiques, juridiques et managériales. L’appel à contribution s’inscrit par conséquent dans la transdisciplinarité et le pluralisme épistémologique.
Axes thématiques
Les sujets liés au genre sont vivement recommandés et toutes les propositions retenues seront réparties dans les axes thématiques non exhaustifs ci-dessous :
- Interactions entre l’État et la société civile dans le management de l’urgence sanitaire
- Aspects climatiques et démographiques : existe-t-il une spécificité africaine ?
- Incidence des dispositifs de protection (masques faciaux, équipements médicaux) et des pratiques funéraires sur l’environnement.
- Implications de la société civile dans les mesures de protection des catégories vulnérables et l’économie.
- Impact de la pharmacopée traditionnelle sur le développement durable ;
- Etc.
Conditions de soumission
La soumission des propositions obéit à la politique générale des Revues du Grenier des Savoirs. Dans un premier temps, il convient d’envoyer un résumé pour le faire valider, en utilisant le formulaire officiel de soumission d’un résumé (suivre le lien : https://www.revues.scienceafrique.org/formulaire/). Aucun envoi de texte par mail ne sera accepté. Il doit présenter de façon claire et concise le thème de votre projet de texte, son approche théorique, sa méthodologie, ainsi que son lien avec l’appel à contribution, le cas échéant. Il est recommandé de répéter les concepts clés dans le résumé pour faciliter leur repérage par les moteurs de recherche. Chaque dépôt de résumé doit comporter les métadonnées suivantes :
- Un titre et, s’il y a lieu, un sous-titre.
- Un résumé de 200 à 250 mots, en français.
- 5 à 6 références bibliographiques.
- 5 à 6 mots clés, descriptifs mais généraux : ceux que vous utiliseriez pour chercher un article tel que le vôtre.
- Le(s) prénom(s), nom(s) et l’affiliation officielle de tous les auteurs et autrices, avec leur adresse mail.
Si le texte de votre article est déjà rédigé, vous devez quand même soumettre seulement le résumé et attendre la décision du comité de rédaction. En effet, les recommandations à propos de votre résumé pourraient vous servir à bonifier votre texte. Les revues du Grenier des savoirs recommandent une longueur de 15 pages pour un article ou une synthèse, bibliographie comprise. Pour l’ensemble des consignes inhérentes au formatage du texte et aux références bibliographiques, se rapporter au lien suivant : https://www.revues.scienceafrique.org/instruction/.
La revue publie des textes en anglais et en français. Une traduction du résumé en langue africaine est fortement recommandée.
Chronogramme
Date de lancement de l’appel : 11 mai 2021
Date limite de réception des résumés (en ligne uniquement) : 30 juillet 2021
Réponses aux auteurs et autrices après évaluation de la proposition : 30 août 2021
Réception des textes complets : 30 novembre 2021
Date de publication du volume : février 2022
Comité de rédaction et comité scientifique
Références
Abayomi Sofowora: Plantes médicinales et médecine traditionnelle d’Afrique, Paris, Khartala, 2010
Bayart, Jean François : « Le revanche des sociétés africaines », Politique africaine, 1983
Cantrelle Pierre, Locoh T : Facteurs culturels et sociaux de la santé en Afrique de l’Ouest, Paris, CEPED, 1990, 36 p.
Chanial, Philippe, « Le New Public Management est-il bon pour la santé ? Bref plaidoyer pour l’inestimable dans la relation de soin », Revue du Mauss, n° 35, 2010, pp. 135-150.
Creusat, Laurence : Gestion traditionnelle de la maladie et politique de santé en Afrique du Sud, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, 2000.
Edou Mvelle, A.R : « Gouverner la santé par l’authenticité : Le corona virus, la figure de l’animal et l’ethnomédecine en contexte africain », Thinking Africa, Tribune libre, mai 2020.
Fassin D. et É. Fassin: « La santé publique sans l’État. Participation communautaire et comités de santé au Sénégal », Revue Tiers Monde XXX, n° 120, 1989, pp. 893-89
Foucault, Michel, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 2007
Marie Morelle, Frédéric Le Marcis, Sylvain Landry Faye : « Penser la prison à l’heure de la pandémie de Coronavirus en Afrique ». Africa4 – Libération.fr (carnet), 2020. ⟨halshs-02555841⟩
Jaquemot, Pierre : Les systèmes de santé en Afrique mis à l’épreuve, Policy Center for the new South, avril 2020
Lerberghe, W. Van : « Les politiques de santé africaines: continuités et ruptures », Bulletin des séances, vol 39, 1993, pp.205-230.
Médard, JF : « Décentralisation du système de santé publique et ressources humaines au Cameroun », Bulletin de l’APAD, [En ligne], 21 | 2001, mis en ligne le 27 mars 2006, consulté le 07 mai 2020. URL : http://journals.openedition.org/apad/35
Nfuwimana, Françoise : Société civile africaine : enjeux et perspectives d’une prise de conscience, Rapport, Partnership Canada Africa, 2004.
Otayek, Réné : « La problématique ‘’africaine’’ de la société civile », in Mamadou Gazibo et Céline Thiriot (dir): La politique en Afrique, Paris, Karthala, 2009, pp. 209-226.
Oumayma Bourhriba et Uri Dadush : Corona virus et climat : tirer les leçons du cas français, Policy Center for the new South, avril 2020.
Poncelet, Marc et Pirotte, Gautier : « L’invention africaine des sociétés civiles : déni théorique, figure imposée, prolifération empirique », Monde et développement, n° 139, 2007/3, pp. 9-23.
Ridde, Valéry, Jacon, Jean-Pierre : Les indigents et les politiques de santé en Afrique. Expériences et enjeux conceptuels, Louvain-la-Neuve, Editions Academia, coll. « Investigations d’anthropologie prospective », 2013, 476 p.
Sidibé, Fodé Moussa Balla : « La confrérie des chasseurs traditionnels et les valeurs authentiques d’enracinement de la société civile africaine », Quest: An International African Journal of Philosophy, juin 1998, pp. 91-104.