Volume 1, numéro 1 – 2021 : Les enjeux de la traduction et de l’interprétation en Afrique

Table des matières/Table of contents

Présentation

Segun AFOLABI et Servais Martial AKPACA

La traduction et l’interprétation au Burkina Faso : pratiques et enjeux

Féridjou Emilie Georgette SANON-OUATTARA

Cet article fait l’état des lieux de la traduction et de l’interprétation au Burkina Faso en se fondant sur une observation personnelle, des interviews, des données existantes dans la littérature, des enquêtes de terrain et sur les conclusions d’un atelier. L’analyse révèle une cohabitation entre les pratiques formelle et informelle de la traduction et de l’interprétation dans l’administration publique comme privée, de même que l’absence de traduction aux conséquences énormes dans des domaines sensibles. L’article souligne néanmoins la complexité de la distinction entre traduction formelle et informelle due à l’absence d’une réglementation conséquente dans ce domaine. Il suggère, pour finir, que plus d’attention soit accordée à la traduction qui doit faire l’objet d’une réglementation plus rigoureuse.

Le rôle de la traduction et de l’interprétation dans le développement de Madagascar

Mino ANDRIANTSIMAHAVANDY

Madagascar est la grande île située au large de la côte sud-est du continent africain. De nombreuses recherches anthropologiques et ethnolinguistiques démontrent les origines diverses de sa population. Bien que ce pays ne possède pas encore à cette date de politique claire de traduction, nous pouvons affirmer le rôle non négligeable que cette dernière a néanmoins joué dans le développement du pays, depuis la fixation de l’écriture malgache en 1823, tout au long des périodes de colonisation et de décolonisation, jusqu’à nos jours. Nous discuterons de la contribution de la traduction et de l’interprétation à l’amélioration des conditions de la vie malgache sous les aspects suivants : littéraire et culturel; religieux; diplomatique, politique, et économique; et enfin scientifique. Cette lacune dans la législation se fait sentir de nos jours par une absence de coordination et, parfois, par un amateurisme à déplorer dans le domaine de la traduction. Le pays gagnerait à formuler et à implémenter une politique traductionnelle dont l’impact concourrait certainement à un développement encore plus poussé dans les domaines sus-cités.

La dynamique de l’interprétation à l’église : les défis de la pratique et les stratégies de professionnalisation sur la base de l’expérience des interprètes en Ouganda

Edith Ruth NATUKUNDA-TOGBOA

L’interprétation de l’église, parfois appelée « traduction de l’église », est une forme d’interprétation consécutive courante dans les églises ougandaises. Même si cela prend du temps et peut entraîner le désengagement de la moitié de l’auditoire, l’interprétation de l’église continue d’être aussi vivante que jamais dans les pays en développement. Alors que son utilisation peut être réduite en Europe occidentale et aux États-Unis où ils se déplacent vers la traduction simultanée, en Afrique et en Asie, la traduction de l’église est préférée à l’option simultanée parce qu’elle est moins chère, elle est moins lourde en termes d’équipement et est plus flexible dans l’espace et le temps. Avec l’émergence de nombreuses églises pentecôtistes au cours des deux dernières décennies en Ouganda, surtout dans la capitale de Kampamla, l’interprétation de l’église est devenue l’un des moyens de communication de base dans les congrégations multiculturelles et multilingues. Les interprètes de l’église ont pratiqué l’interprétation consécutive de façon informelle et sans formation. Compte tenu de l’augmentation du nombre d’églises et de l’importance de ce domaine de compétence linguistique, il est devenu nécessaire d’examiner comment la traduction de l’église est menée et d’évaluer comment elle peut être professionnalisée dans un proche avenir. Cette étude, basée sur l’analyse critique des sermons et des enseignements des pasteur·e·s, a été conçue pour documenter la pratique, identifier les défis et proposer des stratégies pour professionnaliser l’interprétation de l’église.

Les langues nationales dans la formation des traducteurs et traductrices au Cameroun : enjeux et propositions didactiques

Maxime Yves Julien MANIFI ABOUH

Cet article, après avoir exposé les enjeux de la traduction dans les langues nationales au Cameroun, pose les jalons d’une didactique de cette discipline en invitant à la systématisation d’un certain nombre de paramètres liés aux contenus et approches pédagogiques. Il s’ensuit que, bien que la demande de formation en traduction reste portée majoritairement vers les langues internationales (l’anglais, le français, l’allemand, l’espagnol, le chinois, etc.) au Cameroun, le contexte sociopolitique et économique national et international laisse entrevoir un horizon prometteur pour des traducteurs et traductrices formé·e·s dans les langues nationales. Il y a alors intérêt à consolider les pratiques actuelles d’enseignement de la traduction dans les langues nationales, capitalisées par les programmes nationaux de formation en traduction, afin de répondre efficacement aux sollicitations en la matière. Les défis de la didactique de cette discipline, inhérents à la multiplicité des langues nationales peu dotées pour la plupart, peuvent être relevés grâce à la pédagogie hybride.

Traduction et créativité langagière dans la littérature orale eton. Une lecture plurielle de l’épopée Nnomo Ngah’Wono dans ses versions originale et traduite

Jean Pierre ATOUGA

La constitution de la littérature orale africaine en domaine d’étude à part entière a bénéficié de l’apport de la linguistique et de la traductologie. Si les sciences du langage ont rendu possible la transcription et l’analyse totale des textes oraux, la science de la traduction, elle, a contribué au transfert du sens d’une langue à l’autre. Dans cette opération, le traducteur ou la traductrice reste confronté·e aux défis de la restitution des culturèmes et des non-dits. Aussi l’exercice soulève-t-il la question de l’apport de la traduction dans le champ d’études de la littérature orale. Comment le traducteur ou la traductrice déblaye-t-il/elle les arcanes et dénoue-t-il/elle l’enchevêtrement des poétiques orales africaines? L’analyse des stratégies déployées par ce médiateur linguistique amène à observer que la réussite de cette entreprise passe par une créativité langagière. Ici, la pertinence de la skoposthéorie et de la théorie interprétative est mise en évidence.

Texte et contexte à la recherche de la compréhension en traduction littéraire

Samuel Onyemaechi Orji AWA et Ngele CHIMUANYA

En traduction littéraire, le traducteur ou la traductrice établit un lien entre le texte et son contexte dans sa quête du sens. Pour ce faire, il ou elle doit travailler non seulement le texte en tant qu’entité linguistique, mais aussi le contexte situationnel dans l’optique de dégager le vouloir dire de l’auteur. Dans cet article, notre approche théorique privilégie la recherche du sens par le biais de la compréhension du texte dans son rapport au contexte. Étant donné que le message littéraire dont on parle n’est pas issu de la signification linguistique des mots isolés, mais du signifié des mots en usage dynamique, l’approche contextuel du sen s’impose davantage comme une nécessité pour les professionnel·le·s de la traduction. Notre méthodologie s’appuie sur l’explication de la compréhension dans le cadre de la théorie du sens appliquée au domaine littéraire.

E-Interviews by Ngozi Obiajulum Iloh with Tunde Fatunde, author of La Calebasse cassée, and Jamary Matlaselo Molumeli, translator of the English version

Ngozi Obiajulum ILOH

Cette contribution comporte deux e-entretiens menés par Ngozi O. Iloh avec Tunde Fatunde, l’auteur de La Calebasse cassée (2002), et Jamary M. Molumeli qui a traduit l’œuvre littéraire en anglais sous le titre Shattered Calabash (2005). Bien que les deux entretiens aient été menés séparément, ils ont été utiles dans l’évaluation critique de la traduction anglaise de la pièce. Il est donc pertinent de rendre disponibles ces entretiens comme une contribution au concept du lien auteur-traducteur en traductologie. S’il est pertinent d’analyser une œuvre littéraire sans recourir à la fois à l’auteur et au traducteur, les entretiens sont aussi des éléments efficaces pour valoriser la pièce littéraire en raison des informations métalinguistiques acquises lors de l’exercice.

Infos sur la publication

TAFSIRI - Volume 1, Numéro 1 - 2021

Digital Object Identifier (DOI)

https://dx.doi.org/10.46711/tafsiri.2021.1.1

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